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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/65

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le mois de février

ayant de droit, à partir de ce moment, l’entrée de la maison, et il ne tient plus qu’à lui de tirer parti de la situation.

Si le Valentin, au contraire, est mécontent du partage, il ne se gêne nullement pour aller chercher des distractions ailleurs que chez sa Valentine. La pauvre fille restera donc au logis, seule, ou à peu près seule, ce soir-là, car si quelque voisin indiscret lui apporte de banales consolations, elle sait ce qu’en vaut l’aune et ne les écoute guère. À quoi bon, d’ailleurs, s’arrêter à de pareilles taquineries ? Ne tient-elle pas sa vengeance en main ? Huit jours d’attente, pas plus, et rira bien qui rira le dernier.

Dans la soirée du dimanche suivant, le premier du carême, celui que dans le pays on appelle le jour des Bures, il est d’usage d’allumer de grands feux au milieu du village. Or, depuis un temps immémorial, ce sont les Valentines dédaignées, elles seules, qui entendent se charger de ce soin. Soyez assurés qu’aucune n’y manquera ; la plus vieille, comme la plus jeune, aura son feu à elle, et ce ne sera pas un vulgaire feu de joie que chacune de ces pauvres filles dressera et allumera de sa main, non ! mais un véritable bûcher, un bûcher tel que la justice implacable en réservait autrefois au châtiment des grands coupables. Tant pis pour l’homme qui lui a fait