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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/67

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le mois de février

reurs le tiennent aussi en grande vénération et le regardent comme l’un des plus puissants protecteurs du bétail. L’anecdote suivante, très populaire à Gerbamont, en donnera la preuve.

« Un homme du haut du Ban-de-Sapt, auquel on disait (que l’on nommait) Jean Claude, voyait ses bêtes dépérir, depuis quelque temps, sans pouvoir en découvrir la cause. Soupçonnant là-dessous quelque diablerie, il consulta deux ou trois sorciers. Peines perdues ! leurs agioles (simagrées) ne servirent à rien. L’idée lui vint alors de faire dire une messe à saint Valentin, et il donna l’ordre à sa femme de se rendre au presbytère : — Surtout, retiens bien le nom, fit-il, c’est à saint Valentin, et non à un autre, que le curé devra s’adresser en disant sa messe.

— Compris.

— Va donc, et par la même occasion, rapporte-moi du village un paquet de tabac et une bouteille d’eau-de-vie. S’il te reste quelques sous, tu pourras acheter aussi du sel.

La femme s’éloigne, mais, comme rien ne la presse, elle s’arrête ci, elle s’arrête là, et bavarde si bien tout le long du chemin qu’elle arrive à la porte du prêtre sans avoir eu le temps seulement de songer à sa commission. Pourvu qu’elle se souvienne maintenant du saint dont lui a parlé son homme ! Mais, non, est-ce bien possible ? Ce