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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/82

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le mois de mars

« Être de Ravon » (Raon-aux-Bois), « venir de Ravon », c’est être niais, paraître stupide. Les Ravonnais sont des gens simples d’esprit, ou du moins passent pour tels. On leur prête un nombre incalculable de naïvetés, de drôleries, d’extravagances.

La sagesse des nations enseigne, depuis longtemps, qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Qu’ils aient ou non médité cette vérité, les gens de Ravon ont trouvé le moyen d’abréger la distance en donnant à leurs tables un bon pied d’élévation de plus que partout ailleurs. C’est de là que l’on dit :

À la mode de Ravon,
À table jusqu’au menton.

Les « vantards d’Éloyes » sont fameux à sept lieues à la ronde. Tous veulent faire les riches, les importants, et pourtant, pour célébrer dignement, au bruit des verres et des plats, la fête de leur paroisse, laquelle tombe le jour de l’Assomption, les moins pelés d’entre eux, personne ne l’ignore, doivent vendre leur fumier, et faire