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le vallon

Berce-toi de ton propre rythme, ô calme joie,
Dans le souffle onduleux que la brise t’envoie.
Lorsqu’aux lueurs du soir le chant du rossignol
Conduit en murmurant ta danse, sur le sol
Ton ombre te répond et sa forme alanguie
Imite devant toi ta pensive harmonie :
Elle arrondit les bras et nage fluide et pâle
Sur l’herbe velouteuse entre les bleus pétales ;
Tu te mires en elle et sais dans ton silence
Que la terre est pareille à cette ombre qui danse.

Sur les confins voilés et les souples collines
L’azur enveloppant se pose en lueur fine.

Deux hommes vêtus de buée
Gagnent la plaine hors de l’allée.
Un chien à peine dessiné
Les suit, tête basse, en cadence ;
On ne sait ce que le chien pense
Ni pourquoi ces gens embrumés
S’éloignent dans la somnolence.