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l’âme en bourgeon

Ton pied frappera le monde indulgent
Comme un bœuf paisible,
Le lac plissera des cerceaux d’argent
Dans son jeu flexible.
J’oublierai que j’eus parfois dans le cœur
Un goût d’amertume,
Tu verras flotter mon nouveau bonheur
Ainsi que la plume.
Je te dirai : Viens, amour-nourrisson,
Ta grâce est si belle
Que c’est le soleil avec sa toison
Contre ma mamelle.
Ne découvre pas ton ventre doré,
Car l’abeille folle
Pourrait s’y blottir comme au flanc sucré
De quelque corolle.
Ne taquine pas avec ton pied nu
L’herbe à peine haute
Car le noir frelon jetterait dessus
Un coup de sa botte ;
Ne regarde pas autour de la fleur
Errer cette mouche,