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pleine lune ou croissant

Vers le fond les fusains fournis
Dans la netteté de leur bande
Semblent arrosés et vernis
Par une averse de Hollande ;
Le chat pelu fait le gros dos,
Effaré d’une branche basse ;
Du foin est aux dents du rateau,
Le coucou chante, un faucheux passe.

Chacun a dans son souvenir
Un jardin où vont ses tendresses,
Où les arbres l’ont vu grandir.
Celui-là, quand j’avais des tresses,
A connu mes premiers émois ;
J’allais dans le chemin des vignes
Pleurer sur les jours et sur moi :
Les plantes me faisaient des signes,
Les bêtes savaient mes douleurs.
J’ai grandi, l’allée est pareille,
Mais n’a plus tant de profondeur.
Que manque-t-il à chaque treille ?