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Page:Sauvageot - Laissez-moi (Commentaire), 2004.djvu/16

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disait cette phrase la veille au soir. Et je revoyais, par surimpression, ce même visage, tout près du mien, avec de grosses larmes dans les yeux, qui me disait : « Épousez-moi, vous me tromperez… » J’aurais voulu que la scène recommençât pour embrasser cette tête et dire : « Je ne vous tromperai pas. » Mais les choses ne recommencent pas ; et cette phrase, je n’avais pas dû la prononcer, car je ne sais pas parler quand il faut, ni du ton qui convient. Je suis trop émue et je deviens dure pour ne pas me laisser aller à l’émotion. Comment pouvoir faire sentir tout le bouleversement que produit une émotion au moment précis où elle a lieu ? Endormons-nous sur cette phrase berceuse et douce : « Tu vois là une preuve d’amour, n’est-ce pas ? » Je t’envoie un baiser dans l’air. Si tu m’aimes, je guérirai.

Et quand je serai guérie, tu verras comme tout sera bien. Il me plaît de te dire « tu » puisque tu n’es plus là. Je n’ai pas l’habitude, il me semble que c’est défendu : c’est merveilleux. Crois-tu que je pourrai bien te dire « tu » un jour ? Quand je serai guérie, tu ne