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Page:Sauvageot - Laissez-moi (Commentaire), 2004.djvu/44

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qu’elle a de contraire à moi, que vous l’aimez depuis longtemps sans avoir jamais voulu me le dire.

L’an dernier, à la campagne, le lendemain de votre arrivée, nous étions montés à mi-chemin de la côte ; assis dans les grandes herbes sèches, nous regardions la plaine et je m’étais mise tout près de vous. Doucement, je vous ai parlé de votre amie : vous n’avez pas répondu. J’ai insisté, et, d’une voix un peu sèche, vous avez dit que c’était une partie de vous que je n’aimais pas et que vous préfériez ne pas me la montrer. Votre regard est allé au loin ; vous avez eu, de la main, le geste de quelqu’un qui ne serait pas compris ; puis vous m’avez regardée en ayant dans les yeux la supériorité de celui qui ne veut rien dire. Vous avez parlé d’autre chose. Je me suis tue ; un voile sombre s’était étendu sur la joie que j’avais de vous revoir. Depuis six mois, j’étais malade, loin de vous. Vous ne m’aviez pas oubliée, mais quelqu’un vous faisait me voir autre que j’étais. Vous m’avez fait des reproches sur mon caractère, mes goûts… Vous avez pris le parti de ce que je n’aimais