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Page:Sauvageot - Laissez-moi (Commentaire), 2004.djvu/80

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Je ne vous écris pas, parce que je veux vous oublier. Chaque enveloppe revêtue de votre écriture serait, pour moi, une souffrance ; chaque phrase que je devrais vous écrire, une lutte ; je ne pourrais plus vous dire que des choses convenues et mon amour aurait mal au rappel du passé ; je chercherais à connaître votre vie et j’aurais de la peine : je ne veux pas.

Je ne vous écris pas, parce que le déroulement que vous avez donné aux événements m’a froissée. Ce n’est pas votre mariage qui me paraît une injure. Je pensais que j’étais pour vous une amie plus intime qu’un homme, qu’une maîtresse, qu’une femme. Il me semblait que notre affection était assez rare pour qu’elle pût comporter un aveu complet et progressif de l’évolution d’un autre amour dans votre âme. Or vous avez agi comme tout le monde. Vous avez cherché mes défauts et n’avez plus parlé que d’eux ; aviez-vous besoin de vous assurer que vous aviez raison de ne plus m’aimer ? Et vous avez décidé votre mariage, et vous me l’avez appris ; alors pour me dire cette nouvelle, vous avez oublié