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II

JOURS DE DEUIL. PAUVRE LIETTE !



Il y avait déjà deux mois qu’elle était malade, et la plaie de son front et de sa figure commençait à peine à se cicatriser, lorsqu’un matin, en s’éveillant, elle se rendit compte qu’elle n’était plus chez elle.

« Maman ! maman ! » s’écria-t-elle.

Edith accourut le sourire sur les lèvres.

Non, pas vous, disait-elle en français, non pas vous, mais maman ! »

Edith, sans comprendre le moindre mot de ce que disait l’enfant, lui parlait doucement, mais dans une langue inconnue de Liette, qui, étonnée, craintive, se mit à pleurer amèrement en repoussant avec effroi les caresses que la jeune fille cherchait à lui prodigner.

Non, non, disait-elle, en se tordant de désespoir, c’est maman, ma chère maman que je veux voir ; je veux aller chez elle et ne plus rester ici. Où suis-je, dites-le-moi ? »

Comment répondre ? Que dire à cette enfant désespérée, qui ne pouvait les comprendre ? Elles s’étaient toutes les deux, la mère et la fille, attachées à leur petite malade, comme on s’attache forcément aux êtres que l’on soigne avec dévouement. Le désespoir de cette malheureuse enfant les navrait. Liette regardant autour