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IV

LE BON PARRAIN



M.Leypeumal, le bon parrain, venait souvent chercher la fillette ; elle l’accompagnait dans ses promenades à travers la ville ou sur le bord de la mer et ne cessait pas de le questionner. Lui, qui aimait beaucoup cette enfant charmante, lui répondait avec une patience et une douceur inlassables.

C’était tonjours à lui qu’elle s’adressait, quand une chose lui paraissait incompréhensible ou douteuse, préférant ses sagaces réponses aux habituelies supercheries de langage de son entourage. Elle finissait de déjeuner, un matin, lorsque M. Leypeumal, qui allait à l’extrémité du faubourg de Tasdon, vint demander à Mme Baude de consentir à ce qu’il emmenât sa petite-fille.

L’arrivée de M. Leypeumal mit fin à une scène tragique qui venait d’avoir lieu dans la cour de l’imprimerie.

La veille de ce jour, le porteur des journaux à l’abonnement, le jeune Cyrille, un garçon « sùr », agé de onze ans, en faisant sa tournée quotidienne par la ville, avait oublié un instant ses importantes fonctions pour accepter une partie de billes avec d’autres gamins de son age, dans les environs du bassin Maubec. Et il était arrivé que, dans le feu du plaisir, le paquet de journaux était : tombé à l’eau. Les abonnés, privés de leur manne de chaque jour, vinrent les uns après les autres se plaindre à M. Baude. La mère