Aller au contenu

Page:Savignac - La Jeune Proprietaire.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son fauteuil, et, montant un grand écran de damas rouge entre sa pénitente et lui, il se disposa à écouter l’aveu de ces fautes de jeunes filles, qui semblent si pesantes à un cœur de quinze ans. Olympe s’agenouilla dévotement, et commença d’une voix tremblante :

Mon père !

— Parlez plus bas, mon enfant, et ne répétez pas si souvent ces mots : mon père ! on ne sait qui peut rôder ici autour.

Il ne faut pas rire de la pusillanimité du bon curé, il risquait sérieusement sa vie pour entretenir la foi dans le cœur de ses pauvres enfans. Découvert remplissant les fonctions de son ministère sacré, il n’aurait eu que le temps de recommander son âme à Dieu, et pouvait même entraîner Mlle Desrosiers à l’échafaud avec lui. Olympe avoua au curé comment ses regrets de quitter la pension l’emportaient par momens sur la piété filiale.

M. Blondel n’était ni un Bossuet ni un Fénelon. Si la Providence n’avait fait de lui que ce qu’il paraissait être, un commis, on aurait pu dire sans crainte qu’il était d’une nullité