Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/113

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Un soir d’été, par un temps tiède et pourri qui précédait la venue d’un de ces longs orages persistants de la saison chaude, Kergrésan se mit au lit sans avoir dîné. La veille, il s’était déjà plaint d’une grande lassitude. Une semaine avant, une barque de Plougonvelin, montée par quatre hommes, était venue chercher du goémon et faire de la soude. Ils étaient restés trois jours et repartis et le mari de Virginie, qui les avait aidés dans leurs travaux, pensa qu’il s’était trop employé ou qu’il avait pris froid.

Il était dur au mal et ne se plaignait pas, sauf de douleurs dans le ventre provoquées par une diarrhée opiniâtre. Il avait dû manger quelque chose de malsain. La chose parut d’autant plus plausible à Virginie que le petit Yves, l’avant-dernier des garçons, souffrait de la même indisposition. Virginie l’avait couché pour le calmer.

Kergrésan, lui, était obligé de se lever toutes les dix minutes. Son état s’aggrava pendant la nuit. Et une fois qu’il s’était assis, pour reprendre haleine, face à la mer, près de la crèche au cochon, il ne put se relever. Il appela sa femme d’une voix faible. En voyant son mari comme paralysé, incapable de faire un mouve-