Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/131

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mière fois. C’était, en somme, l’intérieur d’une chaumière cossue, à la mode d’Ouessant, mais cette femme vicieuse avait le génie de l’ordre et du confort.

La mère et la fille le reçurent avec un certain décorum. Pourtant, on s’apprivoisa vite. Aline avait tendu sa main, gravement. Et, pendant que sa mère et Cocotte parlaient, elle écoutait, sans rien dire, comme avec un peu d’indifférence.

« Elle veut continuer de m’ignorer », songea d’abord Le Lamber. Mais, à trois reprises, il surprit le regard d’Aline plongé sur lui. — Et chaque fois que leurs yeux se croisèrent, elle baissa les siens pour les réfugier dans l’ombre.

Mme Caïn et Cocotte servaient le thé et menaient la conversation. Or, la blonde Cocotte, visiblement, était débordée. Quelques épisodes peu avantageux pour sa gloire déchaînèrent le rire, habilement décochés par la maîtresse des lieux, et Cocotte, désormais réduite à se défendre, cessa les agaceries qu’elle n’avait point ménagées au seul invité mâle de cette réunion, et l’on sentit que la partie était perdue pour elle.

Le Lamber, rompu aux coutumes locales, se demandait comment allait finir la soirée.