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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/134

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las d’être resté longtemps courbé, et elle semblait fière de sa tâche.

Le Lamber s’était assis sur une herbe pauvre, dans l’ombre légère du muretin et il bourrait sa pipe d’après la sieste.

— Dis-moi donc, réfléchit enfin Françoise, le champagne est bon, chez Mme Caïn ?

— Pourquoi cela ?

— Je sais que tu y es allé.

— J’ai accepté son invitation, c’est vrai, reconnut Le Lamber. Et après ?

— Et après ?… Après, c’est tout, dit Françoise, avec belle humeur et elle examina encore la mer en souriant, comme si elle y découvrait un prodigieux intérêt.

Le Lamber tirait sur sa pipe avec un flegme tout à fait étonnant. Lorsqu’il n’en obtint plus aucune fumée, il la secoua sur un bloc de granit pour en faire tomber les cendres. Et, sans perdre un instant, il l’emplit à nouveau de tabac. Françoise souriait toujours à la mer.

— Oh ! Tu es libre, entièrement libre !… reprit-elle. Et c’est ce qu’il y a de délicieux, en vérité, dans notre amour, d’être libres et indépendants comme nous le sommes.

« Et souvent, je pense : « C’est drôle, demain, peut-être que nous ne nous connaîtrons