Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/142

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Moi-même, je me suis laissé prendre à cette curiosité. C’était au temps où je n’étais pas encore établi au Stiff et où je visitais régulièrement les îles, comme vous avez entrepris de le faire, pour nous inonder de votre sale camelote prussienne.

Tout de suite, j’ai éprouvé qu’il était difficile pour un étranger d’arriver à une vue précise sur ces faits car les habitants ne sont guère prodigues en détails. Plus tard, lorsqu’un long séjour et mon mariage avec une îlienne eurent enfin appris aux habitants à me considérer comme un des leurs, je me suis plus aisément enquis des circonstances de ce naufrage que les Ouessantins évoquent rarement. Les navires qui se mettent au plein sont trop fréquents par ici.

Une chose surtout frappa mon esprit : les contradictions de ce qui se rattache au sauvetage par une femme de cette embarcation dans laquelle quatorze hommes avaient pris place. J’ai essayé de reconstituer les faits. Et je ne le regrette pas. Cela m’a permis d’examiner de près une « héroïne ». Le coup-d’œil en vaut la peine. Et notre gloire locale ne manque pas de caractère.

— Tenez, reprit Le Gall, en s’arrêtant, voici