Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/174

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jour, aux vigies modernes dans les immensités océaniques, peut-être encore, s’oublie-t-on à penser, ces barques sont-elles montées par des hommes venus du large après quelque dramatique aventure.

Soley, assis sur la grève, guettait ce spectacle indécis. Il attendait Julia, à l’écart du bourg peu à peu noyé d’ombres où perçaient seules, maintenant, les lumières de certains débits. Des coloniaux bruyants y jouaient de l’accordéon et de la mandoline.

Elle tardait à venir :

— C’est curieux, pensait-il, que la chère enfant ne m’ait pas donné lieu, depuis mon arrivée, de soupçonner la moindre peccadille dans sa conduite. Comment quelque visiteur pressé d’amour n’a-t-il pas frappé à sa porte, imprudemment ?... Parce qu’enfin, je persiste à croire que je ne suis pas le premier !

Cette idée lui avait déjà traversé l’esprit. Un soir, notamment, qu’après s’être attardé à l’hôtel, il avait rallié le Naoulou vers dix heures, il avait trouvé porte close : Julia n’était pas là. — Découcherait-elle ? s’était-il demandé. Ou bien, comptant sur son absence, n’allait-elle pas rentrer plus tard — et point seule ? Dans l’obscurité, il s’était étendu contre une meu-