Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/177

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comme vous. Vous riez toujours ! Et elle ajoutait tout bas : c’est dommage...

Elle ne savait pas la lutte ardente qui étreignait son cœur à lui, à certains moments, quand il pensait à la créature qu’une obstination têtue l’avait fait fuir — et quand il raidissait sa volonté contre la folie de courir la rejoindre.

Ils s’étaient tus. À la brise marine se mêlait l’odeur des javelles qui jonchaient l’île. L’Océan était si assoupi qu’on l’oubliait ; et, de toute cette campagne livrée aux occupations rustiques, s’élevait, comme une chanson douce et pleine de rythme, le bruit des centaines de fléaux que des belles gaillardes en sueur brandissaient.

L’été, les travaux des champs occupent les îliennes dès les premières heures du jour. Elles quittent les hameaux légèrement vêtues, les cheveux flottants, sans bonnet ou recouverts d’un large chapeau de jonc, pieds nus et tenant en main la faucille, la falz, l’antique instrument des Druides, dont elles se servent pour couper les gerbes de blé.

À cette heure matinale, fin de juillet, quand le ciel tout radieux s’échauffe, l’île s’étend sur