Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/201

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flocons s’envolaient vers l’intérieur du pays, comme des papillons ivres.

Alors les barques de pêche de Porz Ligodou et de Pen ar Roc’h venaient chercher un abri dans la baie de Lan Pol, tandis que les petits canots de Gwalgrac’h se réfugiaient à Yusinn. Le vent passait au Nord, et, subitement, descendait Nord-Ouest, obligeant les bateaux à fuir sur la côte opposée où, solidement ancrés, ils dansaient dans les criques d’Arlan et de Kernas. En rafales, le vent remontait vers le Nord. Ce souffle instable semblait les oscillations d’une aiguille qui n’arrivait pas à se fixer. Et chaque jour, chaque heure, il s’imposait avec une clameur différente, tantôt molle, tantôt exaspérée, balayant l’îlot d’embruns, charriant des nuages sombres qui donnaient aux flots des couleurs puissantes et métalliques, escamotant ces nuages en un instant, pour disposer un ciel radieux qui refaisait la mer souriante à son image, et tantôt, mêlant tout au point qu’on ne distinguait plus le ciel de la mer dans une brouillasse laiteuse, aux reflets d’un jaune verdâtre, paysage enrhumé où n’apparaissaient que des balafres d’écume.

Les pêcheurs opposaient aux éléments leur mobilité constante, les phares, l’obstination