Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/205

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jetèrent sur Ouessant un coup d’œil rapide : la vue de trois belles filles les intéressa beaucoup plus que le paysage. L’un d’eux s’approcha du groupe et, avec beaucoup de civilité, demanda si elles consentiraient à visiter le bateau. Yanne et Maryvonne saisirent avec empressement l’occasion. Juliana accepta sans défiance. On leur fit faire le tour du pont et on les entraîna dans les cabines.

Le vapeur était plein de choses admirables et bonnes. Elles goûtèrent des cakes parfumés comme des savons de toilette, des fruits exotiques, et burent de ces vins colorés d’Espagne qui sont pareils à du velours sur la langue et dont la force assez traîtresse ne se révèle pas sur-le-champ. Julia parlait de s’en aller : on lui rit au nez. Ce n’était là que le prélude. Le dîner aurait lieu ensuite. Depuis longtemps les hommes s’étaient faits entreprenants.

« Et Soley ! » songeait-elle...

Elle se défendait de son mieux contre un grand diable aux mains fines, au teint de lait, qui parlait à peine le français. Il pensa la convaincre par le champagne. Mais elle se défiait et buvait seulement du bout des lèvres. Yanne et Maryvonne, qui s’oubliaient tout à fait, étaient déjà très débraillées. Juliana supplia encore