Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Happy Derelict, seulement ancré à quelques encâblures du liner. Et comme, après ces adieux, il redescendait l’échelle du cargo :

— Et si elle était morte ?... avait crié Lanark.

Morte ? Il n’avait pas songé à ça.

Et cette idée le poursuivit pendant les longues semaines de la traversée.


Il revit Brest. Le bruit en flic-flac des sabots dans les rues, le relent graillonneux des coqueries, l’agitation des cols bleus dans la rue de Siam lui rappelèrent des sensations précédentes.

Au Conquet, par goût des traditions, il voulut descendre dans cette auberge du port où dînent et couchent tous les Ouessantins qui retournent au pays. Ils étaient cinq : deux jeunes filles, un ancien pilote et sa femme, puis un marin du commerce qui revenait du Brésil avec un perroquet et son sac plein de souvenirs exotiques. Après le repas, Soley se dirigea vers la falaise.

Le ciel était sans étoiles. Mais la lumière ruisselait des phares, tout à l’entour. C’était d’abord Kermorvan, une tourelle blanche et carrée qui