Aller au contenu

Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Corce, leurs coups de sirène attirèrent de nombreux indigènes au bourg. On reconnut que c’étaient des bateaux de l’État. Ils étaient chargés de marsouins, pliant sous le poids des sacs et armés de fusils. Des canots se détachèrent des vapeurs et le débarquement commença. Ceux qui, les premiers, parvinrent sur la cale, se rangèrent en bon ordre et attendirent le reste de la troupe.

Les îliens surpris les approchaient. Des conversations s’échangeaient entre eux et les soldats. Quand on vit qu’ils arrivaient avec de bonnes intentions, on fêta les étrangers. Et parce que certains avaient faim et soif, les insulaires revinrent avec du beurre, des poissons secs et du lait. Quelques-uns apportèrent des quartiers de mouton.

Aux questions qu’on leur adressait, les soldats répondaient qu’ils étaient venus par ordre. Ils allaient coucher sous la tente, en attendant que fussent construits des baraquements. Ils ignoraient quand ils repartiraient. On espérait qu’ils ne s’en iraient jamais. Quelques gens bien informés savaient seuls par les journaux qu’en prévision d’une attaque possible de nos côtes (c’était au lendemain des affaires de Fachoda) le gouvernement avait décidé d’envoyer