Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/235

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Ils étaient seuls dans la grotte ; le colonial se mit à causer. Elle ne comprenait pas tout ce qu’il disait. Elle le reconnut néanmoins, pour un de ceux qui étaient venus plusieurs fois rôder autour de sa maison et cela la mit en confiance, parce qu’elle pensa qu’il devait bien l’aimer. Alors, comme il s’approchait davantage, elle trembla toute, déjà défaillante d’être auprès d’un homme de la grande terre qui lui accordait tant d’attention, très humble, un peu honteuse d’elle-même. Il lui serrait les mains avec ardeur et elle ne savait pas s’il fallait se débattre ou rire ou pleurer. Enfin, comme il tentait de l’embrasser, elle lui offrit ses lèvres. L’eau ruisselait encore sur ses épaules, pâles comme de l’ivoire.

C’est pendant qu’elle s’épuisait en tendresses enfantines, car il était vraiment beau, cet étranger qu’elle pensait bien devoir aimer toute sa vie, que le soldat la prit, brutalement. Et quand ce fut fini, quand elle ne fut plus sous lui qu’une pauvre chose, il écrasa son poing sur la joue de l’îlienne étonnée, puis hurlante, et il lui dit :

— Tiens, tu te rappelleras le « Pantinois ». C’est ma marque. Et maintenant, je suis ton maître : à bientôt !