Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/277

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trois canots chargés de naturels, la plupart armés de haches, accostèrent le brick-goélette. Ils arrivaient en sauveteurs mais ils comptaient piller aussi. Ils amenèrent les deux naufragés à terre et retournèrent au « Penzé »[1]. Le jour suivant, le capitaine regagna son port d’attache, laissant à Mintier la surveillance du bâtiment ou plutôt de ce qu’on pourrait en tirer.

Mintier reçut dans Loqueltas l’hospitalité d’une famille dans laquelle il distingua Marie. Il l’épousa. Le maître d’équipage avait promis de vivre en Ouessantin et de ne pas quitter le pays. Pourtant, il amena sa femme à Nantes pour la présenter à sa famille. Une fois là, il espéra réussir à lui faire oublier son île. Mais Marie se sentit isolée à Nantes. Elle étouffait dans cette ville et voulut retourner à Ouessant. D’ailleurs, elle y avait des terres et une mère âgée qui réclamait ses soins. Son mari reprit du service sur un long-courrier. De loin en loin, il revenait dans l’île, donner un coup d’œil à sa femme et à ses deux enfants, une fille et un garçon.

Après chaque campagne, il trouvait plus monotone de rentrer dans cette île où la vie lui était plus triste qu’à bord. Il insistait pour que Marie le rejoignît à Nantes, avec l’espoir qu’elle

  1. Pillage des épaves.