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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/298

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se gaussant des petits anneaux en doublé ornés d’un cœur, gages d’amour que, depuis tant d’années, les îliennes recevaient avec tant de joie puérile, au moment de leurs fiançailles.

Salomé l’écoutait, amusée. Puis, elle mit cinq bagues d’or, une à chaque doigt, et pendant que l’autre batifolait pour bazarder sa camelote, elle lui lança un rude coup de poing qui l’étendit à terre, et, du pied, elle envoya rouler l’écrin sur la route.

On disait encore de Salomé qu’elle avait mené six coloniaux, un soir de noce, au pillage de la villa Storm. Et il y avait aussi une affaire de coups de revolver à laquelle son nom était fâcheusement mêlé.

Avec sa chevelure rouge, son regard effronté, et, parfois, l’insolence éhontée de son geste, elle semblait une bête en révolte. Elle était de celles qui vont insulter les voyageurs du haut des falaises du Stiff. Et le soir, on la retrouvait avec eux.


Souvent, elle passait une semaine chez elle, sans sortir, sans recevoir personne, invisible à tous.

Un jour qu’elle s’était ainsi cloîtrée, la trompe de Le Marchais, si bruyante qu’elle jetait l’émoi