Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/304

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une nuit d’orgie, avec deux coloniaux, leurs amants, incarcérés eux aussi.

Et Gervais et Louise Abgrall causaient avec regret de Croguennec, un homme du continent, sage et travailleur, qui avait épousé une îlienne. L’avilissement de son entourage, peu à peu, avait eu raison de lui. Mère et fille le grisaient pour qu’il pardonnât à leurs débauches.

— On l’avait réveillé pendant son sommeil et il avait crié : — « Eh ! oh ! ». Il croyait qu’on voulait lui passer à boire. C’est alors qu’il fut mis à mort.

— Ah ! Quelle honte ! fit Louise Abgrall, tout s’en va !...

Et comme Hodges l’interrogeait sur Salomé Thorinn, elle se retourna, emportée :

— Et vous, l’Anglais ou l’Allemand, fit-elle, parce qu’on ne sait pas qui vous êtes et ce que vous faites ici, après tout, sauvez-vous, fichez-nous la paix !... F... -nous le camp, avec vos progrès et vos inventions du diable, vos journaux, vos phares, votre télégraphie sans fil et vos soldats et votre argent qui a corrompu notre île. Laissez-nous nos anciens usages, et, que vous veniez de France ou d’ailleurs, partez, allez coloniser plus loin :