Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/5

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liez… Mieux encore : frappez à toutes les portes, leurs parents vous prieront d’entrer.

— La misère ?

— Oh ! non pas ; c’est dans la coutume.

À quelques mètres, les Ouessantines regardaient vers le large sous les dédains du bonhomme.

— Tenez, fit-il encore : elles ont chaviré leurs bonnets pour se faire remarquer. — Mais ici, sur le continent, expliqua avec satisfaction ce bavard de la grande terre, elles seront bien forcées de rester sages. Ce n’est plus comme sur leur rocher… Et il indiquait quelque chose, du bout du doigt, en mer, très loin.

Alors, nous prîmes une longue-vue. Et c’est à peine si nous pûmes, dans la gloire d’un ciel pourtant sans nuages, distinguer là-bas, par delà Quéménès et Molène, par delà les écueils de l’archipel, l’île perdue qu’un petit vapeur, deux fois par semaine, rattache au Finistère.


Un autre jour, à Brest, comme nous traversions Recouvrance dans l’agitation pittoresque d’un retour d’escadre, nous entendîmes des dames de la ville murmurer :

— Sauvons-nous ! Voilà les Filles de la pluie !