Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/66

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nesey de laine bleue dont les manches étaient retroussées jusqu’aux biceps, couvrait son torse et sa poitrine.

C’était presque un mets national, ce farz-valet, fait d’une pâte de sarrazin dans laquelle elle avait battu des œufs et jeté des petits carrés de lard et des pruneaux. Maintenant, Barba versait le tout dans une marmite de terre où le pudding devait cuire. Sa dimension considérable était dictée par la coutume qui veut qu’on en distribue des morceaux aux voisins quand on fait un farz dans une maison.

— Barba, dis-moi comment tu connais si bien la femme d’un capitaine et par quel hasard elle entend le breton ?

— C’est tout simple : Mme Guyot est une îlienne, nous sommes nées dans le même village.

— Et le capitaine l’a vraiment épousée ?

— Voici cinq ans. — Mais, laisse-moi terminer mon ouvrage, je parlerai plus tard. Et, sans se presser, agenouillée devant la cheminée, elle disposait les gleds, mottes de terre sèche et comme feutrée par les herbes rousses de la lande, tout autour de la marmite. Elle en plaça jusque sur le couvercle, au point que le récipient disparut tout entier. Par des-