Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/78

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En quittant la côte, ils passèrent près d’une des maisons les plus isolées du pays. Un mur assez haut l’entourait, mais quelques buissons de tamaris adoucissaient la nudité des pierres.

— C’est là, indiqua Barba, qu’habitent les sœurs Le Naour. Elles vivent seules et on ne les voit jamais, pas même à la messe. Un marin d’Autriche a vécu chez elles huit jours après la perte de la Marimba.

« J’ai connu Mac’harit, la cadette, voici deux ans, quand, après la mort de sa mère, elle alla s’installer à Porz Allemgen chez une tante qui réclamait son aide pour la culture. Mac’harit n’y est pas restée un mois : elle avait l’« ennui de son village ».

« Son village »… c’était cette maison, avec, à plus de six cents mètres, deux autres toits d’ardoises couverts de sel et de lichen. Mais la physionomie des lieux, en ce coin de l’île, ne rappelait en rien ce qu’on pouvait voir ailleurs. C’était plus aride, plus désolé peut-être. Mais l’horizon, au Nord, était barré par Keller et, un peu à gauche, les vagues qui se brisaient sur les récifs du large, disposaient une perpétuelle bande d’écume qui avait l’air de danser sur le faîte de la maison des sœurs Le Naour, quand on l’apercevait à quelque distance.