accueillir dignement tant de nobles visiteurs, Gabriel de Choiseul fit tendre dans le salon d’admirables tapisseries de Boucher : La Jeunesse de Bacchus, le Char du Soleil, les Cyclopes. Son œuvre de reconstitution fut continuée par Regnault de Praslin, maréchal de camp, député à l’Assemblée Nationale par la noblesse de l’Anjou, l’un des premiers à se réunir au Tiers. Regnault mourut au début de la Révolution le 5 décembre 1791. Ce fut avec son fils, Antoine-César-Gabriel, que le château de Vaux connut les jours mauvais de la Terreur. Député suppléant à la Constituante, maréchal de camp sous le régime constitutionnel, il n’avait pas émigré. Il fut donc incarcéré dans les cachots révolutionnaires, et, quand Bonaparte rétablit l’ordre, il devint en l’an VIII un de ses premiers sénateurs. Charles-Raynald-Laure-Félix, qui porta le titre de duc de Praslin, se trouvait donc tout naturellement enrégimenté dans le personnel de la Cour impériale. Chambellan de Napoléon, il fut pair de France à la première Restauration, mais, ayant adhéré aux Cent-Jours, il tomba en disgrâce et ne fut de nouveau appelé à la pairie qu’en 1819. Il avait épousé Charlotte-Laure-Olympe le Tonnelier de Breteuil, fille du comte de Breteuil, l’ancien confident de Marie-Antoinette, rallié lui aussi sur ses vieux jours au gouvernement impérial. Sa femme, d’un caractère autoritaire, lui laissait, disait-on, toute liberté et toute indépendance à condition d’être maîtresse absolue à Vaux-Praslin et dans leur maison de Paris et de diriger à son gré l’éducation de leurs enfants. Il avait pour elle, bien qu’ils se détestassent[1], tous les égards, et même les soins les plus attentifs, quand elle devint aveugle. Mais le château, qui avait beaucoup souffert pendant la tourmente révolutionnaire, demeura au second plan dans ses préoccupations. Il n’eut pas moins de six en
- ↑ Ce renseignement, comme tous ceux qu on trouvera par la suite sans indication de source, est emprunté aux lettres et notes de la duchesse de Praslin saisies à Paris par le juge d’instruction Broussais et à Vaux-Praslin par le juge d’instruction Legonidec. Le dossier de l’affaire est divisé aux Archives Nationales entre les cinq cartons CC 808 à 812.