Page:Savinien de Cyrano de Bergerac - Les Œuvres Diverse de Mr de Cyrano de Bergerac.djvu/325

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COMEDIE.

ie les vis, & iugeant que leurs démeſlez ne portaient pas la mine de prendre ſi-toft fin, ie me créé moymeſme. Depuis ce temps-là leur querelle dure en. core ; partout vous voyez ces irréconciliables ennemis ſe preſter le colet, & les deſcriprions de nos Efcriuains d’auiourd’huy ne ſont lardées d’autre choſe que des faits d’armes de ces deux gladiateurs, a cauſe que prenant à bon augure d’eſtre né dans la guerre, ie leur commanday en mémoire de ma naiſſance de ſebatre iuſques à la fin du mõde, sans ſe repoſèr. Donc afin de ne pas demeurer ingrat, ie voulus dépeſtrer la Nature de ces Dieutelets, dõt l’inſolence la mettoit en ceruelle. Ie les mandé, ils obeïrent ; enfin ie prononcé cet immuable Arreſt. Gaillarde troupe, quand ie vous ay convoquez, la plus miſericordieuſe intention que i’euſſe pour vous, eſtoit de vous annihiler ; mais craignant que voſtre impuiſſance ne reprochait à mes mains l’indignité de cette victoire, voicy ce que i’ordonne de voſtre ſort. Vous autres Dieux qui ſçavez ſi bien courir comme Saturne père du temps, qui mangeant & devorant tout court à l’hoſpical : Iupiter qui comme ayant la teſte fêlée depuis le coup de hache qu’il receut de Vulcain doit courir les ruës : Mars qui comme ſoldat court aux armes : Phebus qui comme Dieu des Vers court la bouche des Poètes : Venus qui comme putain court l’eſguillette : Mercure qui comme Meſſager court la Poſte ; Et Diane qui cõme Chaſſereſſe court les Bois ; Vous prendrez la peine