COMEDIE. I2 i
pour s’eftre enyurez de blanc & de clairet, que la Rofe & le Lis font. Rois des autres Fleurs. Vifte donc, haut le coude i Dans la foif où ie fuis, ie te boirois, toy, ton pcrc, & tes ayeuls, s’ils eftoientdans mort verre. Beuuez toujours, compagnons, beuuez toujours j vous nefçauriez rien perdre, on donne à la Crojx blanche douze rubis pour la valeur d’vne pinte devin. En effet, voyez vn peu comme on deuicnt riche à force de boire : Iepcnfoisn’auoirqu’vnc maifon tantoft, t’en vois deux maintenant. C’eft la vertu du vin quifait tous ces prodiges. Sans mentir, Democrite eftoit bien fol , de croire que la vérité fuftr dans vn Puis j N auoit-il pas oiïy dire, iHwmo <veritas ? Mais luy qui rioit toufiours , il pouuoit bien ne l’auoir dit qu’en riant. Nature en fera bernée i Elle qui nous a donné à chacun deux bras , deux pieds , deux mains, deux oreilles, deux yeux, deux nazeaux, deux rognons-, & deux fefTes, ne nous aura donné qu’vne bouche ? Encore n eft-clle pas tout a fait deftinée à boire ; Nous en mangeons, nous en parlons, nous enbaifons, nous en crachons, & nous* en refpirona. Ah ï quhcureufe entre les Dieux eft la Renommée, . d’auoir cent bouches. C’eft pour s’en bien feruir, que la mienne ne dit mot > car {împatifant à mon humeur, clic boit toufiours fans relâche, & mange tout iufcroa fes paroles. La Parque fera bien, de me lauTec long temps fur la terre, car il elle me mettoit dedans, W boirois tout le vin auant qu’il fuft en grape. Point
