Page:Say - Œuvres diverses.djvu/177

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auront lieu dans toute l’Europe : avantage d’autant plus précieux, que les particuliers ne sont pas toujours à portée de se le procurer, et que, dans tous les cas, ils ne pourraient en jouir qu’à très-grands frais.

Pour rendre plus profitable ce vaste dépôt, on y a joint à différentes époques des enseignements publics facilement accessibles, et propres à communiquer à de simples machines l’impulsion de l’intelligence humaine, et à donner, pour ainsi dire, de la vie à des matières mortes. Notre mission est de favoriser l’exercice de l’industrie, d’aplanir sa route, et d’en écarter, autant que possible, les obstacles qui s’opposent à ses succès.

Je vous disais tout à l’heure, Messieurs, que nous avions ici beaucoup de vieilles machines qui ne sont bonnes à rien, si ce n’est à signaler des fautes commises avant nous, et nous enseigner à les éviter, si nous voulons marcher d’un pas plus assuré dans la route des progrès et de la prospérité. Mais il ne faut pas nous faire illusion : nous avons aussi dans la société, dans les livres et dans les bureaux de l’administration, beaucoup de vieilles idées qui nous sont très-préjudiciables, et dont nous subirons la fâcheuse influence, jusqu’à ce que nous soyons instruits des véritables intérêts de ces grandes sociétés qu’on appelle des nations ; et le moyen le plus sur de nous en instruire, est d’observer (à la manière des physiciens) la nature des choses dans ce qui tient à la vie du corps social, et aux moyens qu’a la société de se conserver et d’augmenter son bien-être. C’est ce qu’on appelle de nos jours de l’économie politique, et ce n’est pas la même chose que ce qu’on appelait avant nous de ce nom-là. Anciennement l’économie politique se composait de systèmes sur la meilleure manière de gouverner les hommes. On avait le système de la balance du commerce, le système des économistes, comme on avait, en astronomie, le système de Ptolémée, de Descartes. Aujourd’hui qu’on a de meilleures lunettes et de meilleures méthodes, aujourd’hui qu’on a observé scrupuleusement ce que les choses sont, et comment elles se comportent dans chaque circonstance, on ne fait plus de systèmes, ou n’enseigne plus l’astrologie ; on enseigne purement et simplement l’astronomie qui est devenue une partie de la physique générale.

De même, je ne développerai pas devant vous des systèmes, si ce n’est pour vous en montrer les erreurs et vous tenir en garde contre eux. Mais je vous dirai bonnement comment les choses sont, et comment