Page:Say - Œuvres diverses.djvu/192

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tie à la munificence de la nature, qui nous a donné une certaine intelligence, des organes, des yeux, des doigts, une force musculaire, etc. ; en partie à nous-mêmes, qui avons acquis par nos soins, par nos efforts, le talent, l’art d’employer avec succès nos facultés naturelles.

D’où nous viennent les capitaux que nous possédons ? De nos épargnes ou des personnes qui nous ont transmis les produits dont elles se composent. Ce sont des produits dont on pouvait consommer la valeur pour des besoins, pour des plaisirs ; et que l’on a mieux aimé consommer pour créer de nouveaux produits qui ont rétabli et perpétué cette valeur.

D’où nous viennent nos fonds de terre ? De la munificence du Créateur. Les premiers occupants, ou des conquérants se les partagèrent, et la société, pour favoriser leur exploitation, en ratifia la possession.


Tous ces biens sont des fonds productifs parce que c’est d’eux que sortent les produits, les richesses continuellement consommées et qui pourvoient à l’entretien des hommes et de la société. De ces fonds les uns se conservent comme les terres ; les autres s’altèrent comme les capitaux, qui diminuent s’ils ne sont perpétuellement entretenus au moyen de la reproduction ; les facultés personnelles qui se détériorent par l’âge et les maladies.

Les fonds productifs contribuent à donner des produits en rendant le genre de service qui leur est propre ; et qui est dirigé par l’industrie humaine. Nous avons vu, dans les leçons qui ont précédé, en quoi consistent les services des capitaux et des terres.

Les produits sont matériels ou immatériels. Ces derniers consistent presque toujours en des services d’où il résulte quelque bien, quelque avantage pour ceux qui les consomment ; mais desquels il ne résulte pas un produit visible et susceptible dette transmis, d’être échange contre un autre produit ; ils constituent néanmoins une production réelle quand ils ont une valeur réelle, c’est-à-dire qu’ils sont volontairement payés[1].

Telle est sommairement la manière dont s’opère le grand phénomène de la production dont vous avez eu les développements et les preuves dans le premier semestre de ce Cours.

  1. Voyez dans ce volume, relativement à la doctrine des produits immatériels, la première des cinq lettres à Malthus (1820), et une lettre de Malthus à J.-B. Say, écrite en 1827. (Note des Éditeurs.)