Page:Say - Œuvres diverses.djvu/204

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Il peut donc y avoir des sciences nouvelles, quoique la nature soit ancienne ; et ceux qui prétendent que tout a été vu, que tout a été dit, que l’on ne l’ait que représenter les mêmes choses avec des mots différents, décèlent uniquement les bornes de leur esprit. Une propriété nouvelle, une nature des choses qu’on ne connaissait pas ou qu’on connaissait mal, si on la découvre, est véritablement une chose nouvelle.

La science de l’Économie politique n’est pas aussi récente que celle dont je viens de vous parler ; cependant elle n’est pas ancienne. On ne trouve rien dans les auteurs de la Grèce ou de Rome, qui atteste une observation exacte de la nature des choses sur ce que nous appelons maintenant l’Économie politique, et les conséquences immédiates et rigoureuses qu’on en lire. Pour s’en former une idée juste, je crois devoir vous tracer un tableau général où viendront se placer les observations, les expériences qui sont le fondement de la science.

L’Anthropologie, la science de l’homme, se partage en plusieurs autres sciences, selon le point de vue sous lequel on veut étudier notre espèce. La Physiologie nous montre l’homme sous le rapport purement physique ; elle nous décrit les différentes parties du corps humain et leurs fonctions dans l’état de vie ; la morale nous décrit les différents phénomènes qui dépendent de sa volonté, les actions qui en dérivent et les conséquences qu’elles entraînent ; la politique pratique nous montre l’enchaînement des causes et les effets dans l’ordre politique ; l’Économie politique enfin, l’enchaînement des causes et des effets relativement aux intérêts de l’homme en société.

On s’aperçoit d’abord que la condition des hommes, leur bonheur ou leur malheur dans ce monde, dépendent de circonstances qui tiennent, les unes à l’ordre moral, c’est-à-dire à sa conduite, et les autres à l’ordre politique, c’est-à-dire à la constitution de la société, à la manière dont elle est réglée. C’est ce qui a fait ranger l’Économie politique parmi les sciences morales et politiques. On a même voulu pendant longtemps la confondre avec la politique, et les écrivains du milieu du siècle dernier mêlaient les questions économiques avec les questions politiques, c’est-à-dire l’organisation des pouvoirs d’un État avec les questions relatives à sa richesse et aux moyens plus ou moins abondants qu’ont les nations et les particuliers pour subsister et s’entretenir. Mais on s’est aperçu que ces deux choses dépendent de principes essentiellement différents : on a vu des gouvernements despotiques en-