Page:Say - Œuvres diverses.djvu/285

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tant plus riche, qu’elle acquiert les objets de ses besoins au meilleur marché.

Qu’on se figure, dit M. Sismondi, que des découvertes qui épargnent un tiers de la main-d’œuvre soient introduites successivement dans toutes les manufactures qui produisent toutes les parties des vêtements, des ustensiles, des ameublements du pauvre. Partout ce sera le chef manufacturier qui en profitera… Il produira avec un peu moins de monde… Chaque découverte fait dépendre le maintien d’une partie de la manufacture du pauvre, de la création d’une manufacture de luxe, etc. » Mais, peut-on lui répondre, si les progrès de l’industrie même la plus commune, sans diminuer les profits des producteurs, leur permettent d’acheter plus de produits, cette circonstance est surtout favorable aux producteurs indigents, dont les consommations sont plus particulièrement bornées par le prix des objets de consommation en général. C’est alors qu’ils sont mieux pourvus, que les mariages se concluent plus aisément, que les enfants naissent en plus grand nombre, qu’ils sont mieux entretenus, que la population et la consommation augmentent ; et non quand les produits deviennent plus chers.

Ce que M. de Sismondi redoute par-dessus tout, c’est l’encombrement des produits qui fait fermer les manufactures, interrompt le commerce et laisse les ouvriers sans emploi ; mais cet encombrement, quand il a lieu, est l’effet des mauvais calculs des entrepreneurs, c’est-à-dire, d’une industrie trop peu éclairée, trop peu avancée. Si les conducteurs d’une entreprise d’agriculture, de manufacture, ou de commerce, savaient créer des produits qui pussent convenir à leurs consommateurs, s’ils savaient les établir à un prix qui en facilitât la consommation, si les consommateurs étaient assez industrieux pour offrir de leur côté des objets d’échange, cet encombrement cesserait, et se résoudrait en moyens de prospérité.

L’encombrement ne peut jamais être qu’accidentel ; car il est le fait des entrepreneurs : en tout genre d’industrie, c’est l’entrepreneur et non l’ouvrier qui décide du produit qu’il faut faire, et de la quantité qu’il convient d’en faire. Or, l’intérêt de l’entrepreneur est, à chaque époque et dans chaque situation, de se conformer aux besoins du pays ; autrement, la valeur vénale du produit baisserait au-dessous de ses frais de production, et l’entrepreneur perdrait. Son intérêt garantit donc qu’en chaque produit, les quantités créées ne peuvent, d’une manière