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rante cinq mille actions à mille francs fut porté à quatre-vingt-dix mille actions formant un capital de quatre-vingt-dix millions.

Les besoins du public, disait-on, réclamaient de plus forts escomptes, et le désir qu’il manifestait pour prendre des actions dans cet établissement furent le motif apparent. Le motif réel fut, de la part du gouvernement, la facilité que cet accroissement du capital de la Banque lui présentait pour obtenir de plus fortes avances.

Les nouvelles actions furent vendues avec avantage au profit de l’établissement. Le crédit et la puissance du gouvernement étaient portés au comble par des succès inespérés.

Le gouvernement de la Banque exerçait une grande influence sur le Conseil d’administration composé de gros négociants, dont les uns obtenaient des décorations, les autres des faveurs commerciales, les autres des places pour leurs protégés. Cette influence n’était pas forcée, mais insurmontable. Les caractères fermes et qui méprisaient les avantages qu’on peut retirer du crédit se trouvaient en minorité dans toutes les délibérations. Le capital de la Banque fut sous différentes formes (soit en 5 p. 0/0 consolidés, soit en obligation du trésor et des receveurs des contributions) presque entièrement confié au gouvernement ; mais en même temps on se défendait autant qu’on pouvait de lui prêter des billets au porteur (lesquels n’ayant pour gage que des engagements non exigibles du gouvernement, n’auraient pu être remboursés à présentation).

Par un décret impérial rendu à Bayonne le 18 mai I808, on voulut donner une nouvelle extension aux opérations de la Banque en l’autorisant à établir des comptoirs dans les principales villes des provinces. On commença par en établir à Lyon et à Rouen. Ces comptoirs mirent en circulation des billets et prirent des lettres de change à l’escompte ; les négociants de ces deux villes, moins confiants que ceux de Paris, profitèrent de la facilité des escomptes, mais firent peu d’usage des billets. Presque tous ceux qui étaient émis revenaient à remboursement ; et il est à remarquer que ce n’est guère qu’à Paris que les billets au porteur, soit de l’ancienne caisse d’escompte, soit de la Banque, ont jamais eu un cours assuré. Les principales maisons de commerce des départements ne les refusent pas, parce qu’ils en connaissent la solidité, mais ils sont obligés de les remettre à leurs correspondants de Paria.

En 1814, lorsque la France divisée d’intérêts et d’opinion fut envahie par toutes les armées de l’Europe, le gouvernement obligea la Banque