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street) a la complaisance de se charger de l’exemplaire que j’ai l’honneur de vous offrir. Vous verrez que j’ai été assez heureux pour in autoriser deux ou trois fois de votre nom.

Jusqu’ici j’avais attaqué avec un extrême ménagement la doctrine de Ricardo, Mac Culloch et autres, et leur méthode d’investigation. Je craignais que des dissentiments entre personnes faites pour s’estimer, ne fussent préjudiciables aux progrès des saines doctrines que nous professons tous. Mais il m’a semblé que ce serait leur être plus contraire encore, que ce serait empêcher qu’elles deviennent usuelles, que de faire de l’Économie politique une science d’adeptes, de l’étouffer sous de lourds arguments, ou de la laisser s’évaporer en vaines subtilités. Elle ne se répandra jamais dans toutes les classes de la société, elle ne servira jamais de guide dans la pratique, si l’on ne la considère comme une science expérimentale, dé même que la physique (natural philosophy) cherchant à connaître la nature des choses, non d’après les arguments, mais d’après leur manière d’agir.

Vous verrez, Monsieur, que je nie plus nettement que je n’avais encore fait, que les frais de production soient le fondement du prix des choses. Ils ne font pas naître ce prix, car le plus grand travail n’élève pas le prix d’une chose d’une manière disproportionnée avec le besoin qu’on en a, mais nous n’avons pas besoin d’acheter les choses dont on nous fait présent. Si le prix de certaines choses n’est pas proportionné à leur utilité, c’est parce que cette utilité, ou une partie vie celle utilité, nous est donnée gratuitement par la nature.

Que devient dès lors le principe de Ricardo que le travail est le fondement de la valeur des choses et que le fermage vient du travail que les mauvaises terres réclament de plus que les meilleures ?

Ma doctrine sur ce point est résumée en abrégé dans mon Épitome. Je serais extrêmement flatté, Monsieur, qu’elle obtint votre approbation, et que vous me disiez sur ces fondements de l’Économie politique ce que vous approuvez et ce que vous n’approuvez pas : car je ne demande qu’à me corriger, mon unique désir est d’arriver au vrai ; je le cherche par tous les moyens qui sont en mon pouvoir, et je corrigerai mes ouvrages tant que je vivrai.

Je vous ai envoyé un article Économie Politique, fait pour un recueil intitulé : Encyclopédie progressive, et où je vous ai nommé avec éloge. Je ne sais s’il vous a été fidèlement remis.

J’ai reçu en son temps votre lettre du 10 juin, où vous me flattez