Page:Say - Œuvres diverses.djvu/600

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelles il veut réduire une science qui doit être toute expérimentale ? Les généralités, ce me semble, ne devraient être que l’expression d’une vérité commune à plusieurs faits. Une généralité doit donc trouver toujours au moins un exemple dans les faits observés.

Pardon, Madame, si je vous parte tant de philosophie. C’est la solidité de votre esprit qui m’y excite.

Je vous dois bien des remerciements pour les nouvelles intéressantes que vous me donnez de votre nouvelle université et des intrigues de votre cabinet. Au total il me semble que les gens de notre opinion doivent être satisfaits de ce qui se passe en Angleterre. C’est tout le contraire on France. Le sens dans lequel marche le gouvernement est détestable. On veut faire de nous un monastère, heureusement jamais peuple ne fut mains propre à la règle monacale. Nous avons pour supérieur du couvent un imbécile soumis au général des jésuites, membre de sa congrégation, qui regarde comme son plus beau privilège celui de pouvoir dire la messe ( il est évêque de Laodicée in partibus infidelium), et comme sa principale vocation, de faire son salut dans l’autre monde. Voilà ce que l’on pense ici tout bas.

Agréez, Madame, mes hommages respectueux.

J.-B. SAY À M. THÉOPHILE ABAUZIT,
MINISTRE PROTESTANT.
(Inédite.)
Paris, février 1830.


Monsieur et très-ancien ami,


Je vous remercie de votre lettre, d’abord parce qu’elle est on souvenir précieux de votre part ; et de plus parce que m’étant adressée par un homme judicieux et instruit je n’ai que du profit à en tirer. Vous pouvez donc m’en croire quand je vous dirai que je l’ai lue avec une très-sérieuse attention. Ce n’est pas la première fois que j’ai reçu des observations du même genre, dictées comme les vôtres par une bienveillance qui mérite ma gratitude, mais qui me prouvent que leurs auteurs n’ont pas vu mon sujet du même point de vue que moi.

Si quelque chose caractérise mes travaux sur l’économie politique,