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CHAP. XXIX. — DES EFFETS DE L’IMPÔT.

dépenser qu’une somme bornée, il supprime, en tout ou en partie, une autre consommation, et c’est quelquefois le producteur du sucre qui supporte une partie d’un impôt mis sur la viande.

Qu’observez-vous à ce sujet ?

Que le bois, le sucre, la viande, ce qu’on appelle communément la matière imposable, ne sont en réalité qu’un prétexte à l’occasion duquel on fait payer un impôt, et que tout impôt porte réellement, soit sur les revenus de tous genres des consommateurs qu’ils diminuent en rendant les produits plus chers, soit sur les revenus des producteurs, en rendant les profits moins considérables. Dans la plupart des cas, ce double effet a lieu tout à la fois.

L’impôt ne fait-il pas à une nation un tort indépendant de la valeur qu’il fait payer au contribuable ?

Oui, surtout quand il est excessif. Il supprime en partie la production de certains produits. En France, avant la révolution, une partie des provinces payaient l’impôt sur le sel ; d’autres provinces ne le payaient pas. La consommation de sel était, chaque année, dans les premières, de neuf livres de sel par tête, et dans les secondes, de dix-huit livres. Ainsi, outre les quarante millions que payaient les provinces soumises à la gabelle, elles perdaient les