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des taux exorbitants. A de certains demeure d’agir, il ne put et ne sut rien parfois des taux exorbitants. A de certains moments, comme pour liquider les opérations engagées il faut absolument et à tout prix de l’or, la prime sur les espèces s’élève et la dépréciation du papier s’accentue dans des proportions énormes. Aussitôt après le règlement des opérations engagées, le prix du papier se relève, jusqu’à la prochaine crise. Le marché devient alors d’une sensibilité extrême il est affecté d’une sorte d’irritabilité maladive.

Les variations dans la valeur du papier font courir au commerce des risques considérables. Pour se couvrir de cet aléa, il augmente encore ses prix.

Le cours forcé produit ainsi des effets analogues à ceux d’un impôt sur les consommations, mais d’un impôt variable dans son taux, irrégulier dans son incidence. Son abolition, par le retour au remboursement des billets en espèces métalliques, doit être et a presque toujours été le premier souci des gouvernements qui ont été contraints de l’établir. AuG. ARNAUNÉ.

BILLION V. Monnaie (Fabrication). BLANC (Jean-Joseph-Louis), né à Madrid le 21 octobre 1811, mort à Cannes le 6 décembre 1886. Fils d’un inspecteur général des finances et d’une Pozzo di Borgo, il débuta par la littérature et des éloges académiques, puis se mêla activement à la presse militante et démocratique, écrivant dans le Progrès du Pas-de-Calais, la Revue démocratique, la Nouvelle Minerve, le Bon Sens dont il fut rédacteur en chef et qui précéda la Revue du Progrès social. C’est dans cette revue qu’il publia, en 1839, le premier jet de son pamphlet sur l’Organisation du travail. Bientôt populaire par son Histoire de dix ans, il entreprit l’Histoire de la révolution, terminée seulement en 1862. Dans cet intervalle, en effet, la politique l’avait fort absorbé. Membre du gouvernement provisoire, président de la fameuse commission du gouvernement pour les travailleurs siégeant au Luxembourg, représentant de la Seine à la Constituante ; impliqué dans l’insurrection de juin 1848, il alla se fixer à Londres, où il écrivit le Nouveau Monde, organe de ses idées politiques et socialistes, et des lettres au Temps, sur l’Angleterre, remarquables par leur sagesse et leur modération. De retour en France après la chute de l’Empire, il redevint député de la Seine en 1876 et protesta énergiquement contre la Commune de 1871.

Louis Blanc n’est pas un économiste. Il fit beaucoup de bruit avec sa fameuse organisation du travail. Mais une fois mis en demeure d’agir, il ne put et ne sut rien organiser ; d’où,les déceptions, les désordres et les troubles dont il eut peur et qu’il regretta lui-même, et qu’il paya de près de vingt ans d’exil. Il a toutefois contribué, dans une large mesure, à l’étude des questions vitales de la société contemporaine, et son rôle politique dans la révolution de février avait forcément donné à sa parole et à ses idées une autorité considérable. Il a laissé, en dehors de ses travaux de polémiste ou d’historien

Organisation du travail, 9e édition, refondue et augmentée de chapitres nouveaux. Paris, au bureau du Nouveau Monde, 1850, 1 vol. in-12 .de 240 p. Appel aux honnêtes gens, in-8, 1849. Catéchisme des socialistes, in18, 1849. Questions d’aujourd’hui et de demain, 2 vol. in-18,1873-74 ; -Le socialisme. Droit au travail, 3° édition. Paris, 1848, in-18. E. R.

BLANQUI (Jérôme-Adolphe), économiste français, né à Nice le 21 novembre 1798, mort à Paris le 28 janvier 1854. Fils du conventionnel qui fut le premier sous-préfet de Puget-Théniers, il vint assez jeune à Paris, fut simple surveillant à la pension Massin, puis ouvrit à l’Athénée un cours qui lui valuten 1833 la succession de J.-B. Say aux Artset-Métiers et son élection à l’Académie des sciences morales en 1838 ; depuis 1825, il professait également à l’école du commerce, dont il était devenu directeur en 1830. De 1846 à 1848, il fut député de la Gironde, sans que tant d’occupations l’eussent empêché de faire plus de trente voyages en France, en Angleterre, enItalie, enEspagne,enBulgarie, en Algérie, etc., d’être le premier rédacteur en chef du Journal des Économistes, où il signait ses chroniques Adolphus, et d’écrire des livres qui, comme son « Histoire de l’économie politique sont des modèles d’analyse ingénieuse et fine, d’exposition lucide et élégante. En effet, cet esprit merveilleusement doué, un des plus brillants et des plus utiles vulgarisateurs, et après J.-B. Say le plus brillant représentant de l’économie politique en France, avait mis au service de cette science, comme l’a dit A. Renouard, « son esprit clair, pénétrant, étendu, son remarquable talent d’exposition. Alors même qu’il lui plaisait de se jouer dans la forme paradoxale, la sûreté de son bon sens le retenait dans les limites de la vérité ». L’oeuvre, assez considérable, de Blanqui se résume dans les ouvrages suivants Voyage d’un Français en Angleterre en 1823, in-8, 1824. Résumé de l’histoire du commerce et de l’iudust1’ie, in-18, 1826. Voyage à Ma-