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change, est contraint de s’adresser, en fin de compte, à un courtier membre du Stock-Exchange. C’est ainsi que le monopole, né sans l’intervention de l’État, est plus puissant que celui qui existe en France avec cette intervention. A New-York, il s’est produit le fait curieux suivant. A côté du Stock-Exchange, il s’est créé une ou deux Bourses rivales qui, sans atteindre l’importance de la première, et tout en demeurant soumises à l’influence prépondérante de celle-ci, servent néanmoins dé centre à un grand nombre d’opérations. Le Consolidated-Exchange de New-York a un champ d’activité beaucoup plus limité que le New-York Stock-Exchange.

Outre les Bourses officielles libres ou organisées par l’État, on rencontre aujourd’hui des boutiques interlopes qui sont comme des excroissances et des parasites qu’alimente la simple manie du jeu. Ce sont des boutiques de paris dans lesquelles, au lieu de parier sur des chevaux de course, on parie sur la hausse ou la baisse des fonds publics. On nomme aux États-Unis ces établissements bucket-shops. Bucket signifie sceau et indique un commerce de détail.

En effet, les opérations de spéculation à la Bourse doivent porter au Stock-Exchange sur une quantité minima déterminée de titres, tandis que les bucket-shops mettent en mesure de spéculer sur une quantité infime. 3. Légitimité et utilité des opérations de Bourse. Des moralistes, les socialistes de toutes nuances, aussi bien les socialistes de la rue, que les grands propriétaires fonciers d’Allemagne, ont considéré les Bourses comme

des instruments funestes, sans aucune utilité pratique, ne développant que la fièvre de l’agiotage. Ils ont regardé les opérations de Bourse uniquement au point de vue des différences sur les cours, au point de vue de la prime factice sur les actions. Ils ont toujours mis en avant les fortunes rapidement acquises au prix d’efforts minimes, sans dépenses physiques, etleuront opposé les ruines nombreuses résultant de placements maladroits ou d’opérations malheureuses.

Ils ont réclamé soit l’interdiction absolue des opérations à terme, soit la création des droits prohibitifs sur les opérations de Bourse. Or, il est absurde de vouloir mettre à l’amende l’activité économique de la nation s’exerçant sur le terrain du crédit, de la banque, de l’arbitrage, sous prétexte que la Bourse est fréquentée par des spéculateurs sans scrupules et qu’elle donne le spectacle de crises retentissantes et de fortunes rapidement faites et défaites.

contraint de s’adresser, en fin de Le jeu de Bourseavec ses conséquences fâ n courtier membre du Stock-Ex- cheuses ne doit pas être pris seul en consi est ainsi que le monopole

Le jeu de Bourseavec ses conséquences fâcheuses ne doit pas être pris seul en considération. C’est le côté vicieux, maladif, défectueux d’une institution aussi nécessaire aujourd’hui que la machine à vapeur, l’électricité ou tout autre outil perfectionné. L’ensemble des opérations qui se centralisent à la Bourse est indispensable au progrès et au bien-être matériel des nations. La Bourse est un instrument de distribution des capitaux et du crédit, un organe qui fait refluer la vie aux extrémités du corps, qui met à la portée du fabricant, de l’agriculteur, les ressources dont il a besoin, qui facilite le placement ou la réalisation des capitaux disponibles, qui permet des emplois temporaires d’argent. Les opérations de change et d’arbitrage facilitent, de leur côté, la liquidation des créances internationales.

Cependant, comme pour les autres branches du commerce, qui souffrent, à des invalles plus ou moins éloignés, d’un excès de production, d’une insuffisance de consommation, la Bourse est sujette à des crises. Elles naissent lorsque les cours ont atteint une valeur factice, par suite d’un excès de la spéculationàla hausse. Profitant des bonnes dispositions du public, il a été créé un très grand nombre d’entreprises industrielles ou de crédit, il a été fait des émissions considérablés de fonds d’État. Une partie seulement dit nouveau papier a été absorbée par l’épargne et classée dans les portefeuilles. La spéculation à la hausse s’est faite à crédit, elle a été soutenue à l’aide d’une circulation considérable de papier, ce qui amène le gonflement. anormal du portefeuille des banques et un accroissement dans la circulation fiduciairedu pays.

La spéculation se porte de préférence sur une catégorie spéciale de valeurs, soit sur des valeurs industrielles, soit sur des actions de banque. Un incident quelconque ou une nouvelle défavorable peut alors faire éclater une panique dans le public. Tout ce château de cartes s’écroule. Les détenteurs de titres qui veulent vendre ne trouvent pas de contre-partie, ils ne rencontrent plus chez aucun banquier les mêmes facilités de crédit et l’on voit des valeurs tomber pour ainsi à rien. Malgré tout, la Bourse répond à un besoin véritable. Elle est la résultante, amenée par la force des choses, du grand principe de la. division du travail. Elle en est aussi l’exemple le plus caractéristique. L’épargne àla recherche de placements rémunérateurs vient y chercher des débouchés. C’est là que les États trouvent les capitaux nécessaires pour faire face aux dépenses qu’ils ne peuvent couvrir à