Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 1.djvu/382

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CÉRÉALES 360 CÉRÉALES

le second, qui ne produit pas assez pour suffire à sa consommation, agit sur le prix par une demande continue, il fait la hausse. Grâce aux nombreux moyens de communications rapides qui existent aujourd’hui, le marché consommateur a pris les limites mêmes du marché producteur et tous les pays, même ceux qui, comme l’Espagne, par exemple, semblent, par suite de l’équilibre presque complet qui existe entre leur production et leur consommation, indépendants de l’étranger à ce point de vue, sont influencés par cette concurrence universelle qui s’est établie définitivement. C’est l’univers entier qu’il faut embrasser pour étudier le marché des céréales, comme, d’ailleurs de tous les produits marchands. Les peuplements de pays nouveaux auxquels notre siècle a assisté font vivement sentir leur influence sur l’Europe. Ces nouveaux producteurs, venant ajouter leurs disponibilités sur le marché international, ont violemment créé un nouvel équilibre économique qui est loin d’être dans un état définitif de stabilité. Mais déjà les prix sont absolument solidaires dans toutes les parties du monde(V.PRODUITS INTERNATIONAUX). Il faut voir dans l’établissement de cet équilibre universel une double garantie sociale pour l’avenir : 1° les disettes locales qui se manifestaient avec tantde fréquence, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre, sontdésormais àpeu près impossibles ; 2° les prix ne varient plus que dans d’étroites limites grâce aux bons effetsdelaconcurrence internationale. Les États-Unis de l’Amérique du Nord se placent à la tête des pays producteurs et exportateurs de céréales ; ils occupent aujourd’hui une situation absolument prépondérante. Mais dans un prochain avenir le Canada et le bassin de la Plata auront aussi une part très importante de cette production. L’Inde anglaise est signaler aussi comme pays exportateur, mais la consommation sur place augmentant rapidement, la densité considérable de la population laisse prévoir que cette exportation s’affaiblira graduellement, jusqu’à devenir sans importance réelle. Quant aux pays importateurs, il faut citer en première ligne le Royaume-Uni qui, par suite de l’orientation particulière de son agriculture, essentiellement dirigée vers les spéculations animales, achète chaque année au dehors plus de 51 millions d’hectolitres de blé, sa production étant à peine supérieure à la moitié de ce chiffre.

La France, pays où les céréales occupent dans l’agriculture une place aussi grande proportionnellement qu’aux États-Unis, n’en produit cependant pas assez pour sa consommation et elle se place immédiatement après l’Angleterre comme pays importateur. Avant , ce n’était que dans les années de mauvaise récolte, de cherté exceptionnelle que les importations devenaient actives 1854, 1856, 1861, 1868. En règle générale, les exportations balançaient les importations et, parfois, la balance était en faveur des exportations. Depuis 1878, notre pays est devenu nettement importateur. Il reçoit en moyenne annuellement 15 millions d’hectolitres de blé, pour une consommation totale estimée à 122 millions d’hectolitres. Sur 26 millions d’hectares labourables, la France en consacre 15 millions aux céréales, dont 7 millions pour le blé et 3,600,000 pour l’avoine. Ces produits ont une valeur totale (en 1882) de 5,375 millions de francs, dont 4,081 millions pour les grains et 1,294 millions pour la paille. La production du froment est celle qui progresse le plus régulièrement : Production totale. Par hectare. . 69,500,000 12,45

. 112,500,000 16,80

Moreau de Jonnès estime qu’en 1700 la France ne produisait que 92,856,000 hectolitres de céréales de toutes sortes, soit 472 litres par habitant ; en 1760, 98,500,000 hectolitres ou 450 litres ; en 1788, 115,816,000 hectolitres ou 484 litres ; en 1813, 132,435,000. hectolitres ou 441 litres ; elle est arrivée, en 1840, au chiffre de 183,516,000 hectares ou. 541 litres par habitant. En 1860, la France récoltait 263,486,000 hectolitres, et en 1882. 295,253,000 hectolitres (La France a perdu 3 départements en 1870). En 1700, ajoute Moreau de Jonnès,la production des céréales était. de 8 hectolitres par hectare ; en 1760, de7 hectolitres ; en 1788 et en 1813 de 8 hectolitres en 1840, elle avait atteint le chiffre de13,14 hectolitres.

Le même auteur évalue à 11 francs en 1700, et à 14 francs en 1740, le prix moyen de l’hectolitre de céréales de toutes sortes ; mais, selon H. Passy, la différence du pouvoir de l’argent aux deux époques équivaut bien à celle du prix nominal des céréales. Au reste,. depuis un demi-siècle, les prix ne semblent pas avoir varié sensiblement.

pas avoir varie sensiblement.

De 1797 à 1807 le prix a été en moyenne par hectolitre 20,20 1807 à 1817 21,34

1817 à 1827 19,69

1827 à 1837 19,03

1837 à 1847 20,05

Voici pour la période moderne les prix comparés de l’hectolitre en France et en Anlit gleterre (prix moyen et imperial average). le France. Angleterre.

1866. 19,59 21,62

1871. 26,65 24,55

1876 20,64 20,00

1881. 22,28 19,64

1886. 16,62 13,47