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lés au § er, la terre, le travail, et le famille, le seul salarié: il ne ménage pas so

indiqués au § 1er, la terre, le travail, et le capital, envisagés dans leurs rapports avec l’homme dont le rôle est de faire converger vers lui toutes les utilités, fournissent les éléments de cette analyse.

1° La terre, soumise à la culture, devient pour l’agriculteur le capital fondamental de son industrie. La répartition du sol entre les divers propriétaires qui le détiennent soulève des discussions passionnées (V. PRoPRIÉTÉ) qui sont loin d’être épuisées. Vaut-il mieux pour la société que la propriété foncière soit centralisée entre un nombre restreint de propriétaires seulement  ? Est-il préférable, au contraire, qu’elle soit répartie entre un très grand nombre, qui ne disposeraient que de surfaces exactement suffisantes à l’entretien normal de leur famille  ? Les arguments les plus divers ont été développés en faveur de chacune des deux solutions. Il semble aujourd’hui que la question soit tranchée en faveur de la petite propriété, surtout parce que celle-ci, augmentant le nombre des propriétaires dans une large mesure, dispense plus équitablement le bien-être dans les populations rurales. D’ailleurs, cet avantage est encore plus accusé si l’on étudie les conditions du régime de l’exploitation (V. CULTURE, Morcellement). Dans la grande culture le produit brut est généralement inférieur à ce qu’il est dans la petite. Et cette dernière est aussi plus moralisatrice.

2° Mais la détention de la propriété foncière par plus ou moins grandes surfaces ne suffit pas à caractériser l’industrie agricole ; ce qui la caractérise, c’est l’exploitation par le travail de l’homme. Le propriétaire peut exploiter sa terre lui-même ou la faire exploiter par des tiers.

S’il l’exploite lui-même, c’est le régime du faire-valoir qui se présente avec tous les avantages d’une bonne direction le contrôle est efficace, les sacrifices pour la culture sont consentis sans parcimonie, quelquefois même avec trop de largesse et non sans quelque ostentation, mais c’est toujours le régime le plus favorable l’administration du père de famille est ménagère de la fertilité du sol, très portée vers les améliorations foncières à effet durable. Tous les intérêts et toutes les responsabilités se trouvant réunies dans les mêmes mains, il y a unité de vues et absence complète de conflit.

Le capital foncier et le capital d’exploitation, loin d’être en opposition, sont mis en œuvre dans un but commun, car le propriétaire doit percevoir les revenus de l’un et de l’autre. Quand il s’agit des petites exploitations, le propriétaire lui-même est, avec sa

famille, le seul salarié ; il ne ménage pas son travail, la culture devient plus aisément rémunératrice, parce qu’il cumule sur sa tête la rente, le salaire et le profit.

Si le propriétaire n’exploite pas lui-même son sol, c’est un entrepreneur de culture qui en assume la charge. Cet entrepreneur est un fermier ou un métayer, suivant que le degré de perfection de la culture, l’abondance des capitaux, commandent le fermage ou le métayage. Le fermier exploite le sol à ses risques et périls, mais il arrive souvent que ses intérêts sont en opposition avec ceux du propriétaire. Le capital d’exploitation qu’il met dans son entreprise demande une rémunération distincte de celle du capital foncier. Aussi est-il porté à demander à la terre tout ce qu’elle peut donner sans songer à réserver l’avenir. Pour éviter cet abus on préconise la longueur des baux à ferme et l’indemnité au fermier sortant pour améliorations non épuisées (V. ABSENTÉISME, TENURES).

Le régime du fermage est la caractéristique des régions à riche culture ; le métayage, au contraire, se retrouve de préférence dans les pays encore peu avancés ; il a surtout pour effet de soumettre le sol exploité par intermédiaire au régime de la petite propriété. Le colon partiaire, ou mé tayer, est lié avec le propriétaire du sol par un véritable contrat d’association la base de son entreprise est le partage des produits récoltés entre lui, qui exploite mais qui est le plus souvent dépourvu de tout capital, et le propriétaire, qui lui fournit le capital foncier en même temps que le capital d’exploitation. Il est donc intéressé au même titre que le propriétaire. La main d’oeuvre rémunérée en argent n’apparaît dans le métayage, comme dans toute la petite culture en général, que très exceptionnellement. La grandeur des métairies est, en effet, réglée à peu près partout, d’après la surface qu’une famille de cultivateurs peut exploiter raisonnablement en suivant les coutumes agricoles des régions où elles se trouvent. Cette assimilation de la petite propriété et du métayage permet d’expliquer pourquoi ce régime qui semble résulter d’une situation inférieure de la culture et qui en résulte en effet donne cependant d’excellents fruits dans beaucoup de régions et, en particulier, dans celles où les grandes propriétés sont divisées en un grand nombre de métairies distinctes, toutes surveillées par le propriétaire (V. TENURES).

Après avoir examiné les systèmes d’amodiation du sol, il est logique d’en voir l’affectation aux diverses cultures auxquelles il peut être consacré. Dans cette détermination, l’action de l’homme doit se borner à utiliser


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