Aller au contenu

Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 2.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

situation des travailleurs, il déclara dans sa Lettre ouverte au comité central, que les ouvriers devaient se constituer en parti politique indépendant et prendre pour mot d’ordre le suffrage universel ; il conseillait en même temps de fonder une association générale des travailleurs allemands qui se constitua, en effet, à Leipzig le 23 mai 1863 et dont il prit la direction. Son adresse Aux ouvriers de Berlin lui valut un procès de haute trahison terminé d’ailleurs par un acquittement (2 mars 1864). Peu après il publia son dernier pamphlet, de tous le plus mordant et le plus remarquable : itf". Bastiat Schulze de Belitzsch, le Julien économique ou Capital et Travail. Dans Tété de 1864, il fit un voyage en Suisse, s’y éprit de la fille d’un diplomate bavarois et prétendit l’épouser, malgré l’opposition de la famille. C’est en poursuivant ce dernier but qu’il fut mortellement blessé en duel le 28 ao ut 1864, et mourut à Genève trois jours après. On trouvera au mot socialisme l’exposé de sa doctrine.

CD,

LAUDERDALE (James Maitland, comte de), naquit en Ecosse le 26 janvier 1759. Après avoir étudié le droit à Glasgow et à Edimbourg, il vint achever son éducation à Paris et se fit inscrire en 1780 au barreau écossais. Les succès qu’il remporta et la protection de sa famille lui firent obtenir un siège à la Chambre des communes où il représenta les bourgs de Lauder et de Jedburg. Le parti libéral dans cette assemblée était alors dirigé par le célèbre Fox. Maitland se rangea sous sa bannière et ne tarda pas à occuper une place marquante dans Top position. En 1783 Fox présenta le MU des Indes orientales, qui avait pour objet de supprimer la charte de la Compagnie des Indes et de lui substituer une nouvelle organisation placée sous la dépendance immédiate du Parlement. Maitland l’appuya avec autant d’énergie que de talent et fit partie, en 1787, de la commision qui dirigea l’acte d’accusation contre Hastings, gouverneur général des Indes anglaises.

La mort de son père l’appela à la Chambre des lords ; mais, ami de Fox, partisan des idées de la Révolution française, adversaire acharné de Pitt, lord Lauderdale se vit un moment forcé de rentrer pour quelque temps dans la vie privée. C’est alors qu’il rédigea ses principaux ouvrages économiques, notamment une étude sur la Nature et VOrigine de la richesse publique et sur les moyens et les causes de son accroissement i .

. An inquiry into the nature and origine of public xoealth and into the means and causes of Us increase^ by Rentré au Parlement après la mort de Pitt,’ il se retira définitivement de la vie publique vers 1 807 et mourut le 1 3 septembre 1 839 à son château de Thirlestane. Outre son principal ouvrage sur la richesse publique, Lauderdale a publié plusieurs brochures économiques : Discours sur les finances, 1796, in-4o. — Pensées sur les finances, in-4o. — Lettre sur les mesures de finances, 1798, in-8o. — Sur les conséquences de l’union de l’Irlande pour les manufactures anglaises, 1805, in-8o. — Recherches sur le mérite pratique du système du gouvernement de l’Inde sous la surintendance de la commission du contrôle, 1809, in-8o. — Considérations sur la dépréciation du papier en circulation, 1812, in-8o. — Nouvelles considérations sur Vétat de la circulation, 1812, in-8o. — Lettres sur les lois céréales, 1814, in-8o.

Diplomate et orateur parlementaire fort habile, mais habitué à ne juger les questions que de haut, sans chercher à pénétrer exactement le sens de leurs détails, Lauderdale, en abordant l’économie politique, commit immédiatement la faute de vouloir réfuter les théories admises en cette matière, sans avoir, au préalable, essayé de les approfondir. Adam Smith venait de publier ses Recherches sur la richesse des nations, il avait assis l’économie politique sur des bases que les progrès de l’esprit humain devaient élargir, mais non renverser. Lauderdale entreprit à première vue de réfuter son ouvrage, et d’anéantir ses théories. Contredire Adam Smith, à l’occasion attaquer Pitt, tel est le seul but visible de son étude.

L’ouvrage est divisé en cinq chapitres précédés d’une introduction explicative. Les deux premiers chapitres sont consacrés à considérer la nature de la valeur, seule qualité, dit-il, par laquelle une chose peut faire partie de la richesse individuelle ; à expliquer ce qu’est celle-ci et ce qu’est la richesse publique, enfin à examiner le rapport de l’une avec l’autre. Pour Lauderdale, rien ne possède de valeur réelle, fixe et intrinsèque. Les choses n’ont de valeur qu’autant qu’elles joignent à un certain degré de rareté les qualités qui en font des objets de notre désir et, pour toute espèce de marchandise, le degré de valeur dépend de la proportion entre la quantité et la demande. Vouloir mesurer les valeurs à l’aide du travail, c’est chose impossible, puisque rien n’est plus variable ni plus incertain que la valeur du travail. Adam Smith lui-même, en posant ce principe que le travail seul pouvait être considéré comme la commune mesure des valeurs a dû, the Earl Lauderdale. Edimbourg, 180-4, 1 vol. in-8o ;2» édit. augm, Edimbourg, 1819, 1 vol. in-8o. Traduction française deLagentiede Lavaïsse ; Paris, Dentu, 1S08, in-8», 336 pagea