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Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 2.djvu/176

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c’est-à-dire à, copier les registres du commandant (juin 1824). On le relâcha en janvier 1825, à condition qu’il renoncerait à sa qualité de sujet du royaume et émïgrerait en Amérique .

List débarqua à New- York en juin 1825 : il se rendit auprès du général La Fayette, qui se trouvait alors aux États-Unis et qui l’avait invité à venir le rejoindre. Grâce à La Fayette, il fut mis en rapport avec les hommes les plus distingués de la république. Il passa quatre ans en Amérique pendant lesquels il fit de l’agriculture, des spéculations heureuses en chemins de fer et en terrains houillers, gagnant une petite fortune qu’il devait reperdre quelques années plus tard. C’est là qu’il apprit à connaître l’importance des voies de communications rapides, notamment celles des chemins de fer et qu’il conçut l’idée de doter l’Allemagne d’un réseau étendu. En 1827, sur la demande du président de la Société pensylvanienne pour le développement des manufactures, il écrivit douze lettres réunies plus tard dans un volume intitulé Outlines of an American Political Economy ; il y combat avec violence les idées de Smith : « un peuple superstitieux, paresseux, ignorant, peut s’adonner au laissez faire et au laissez passer, tandis qu’une nation intelligente, active, énergique a besoin d’autres maximes ». C’est un premier essai en faveur du régime protectionniste, et contre le monopole industriel de l’Angleterre.

En 1830, il vint en France avec une mission pour développer les relations commerciales entre les deux pays. Nommé consul des États-Unis à Hambourg, il se vit refuser l’exéquatur par la ville libre. Après un séjour prolongé jusqu’en 1831, il retourna aux États-Unis qu’il abandonna définitivement en 1832.

Nommé consul des États-Unis à Leipzig, il s’occupa de questions économiques, notamment des chemins de fer. Il contribua puissamment à l’établissement de la ligne de Leipzig à Dresde, sans retirer de grands bénéfices personnels de son activité. Un journal des chemins de fer qu’il fonda eut un grand succès, jusqu’au jour où il disparut, après avoir été interdit en Autriche-Hongrie. Il reprit également son agitation en faveur du Zollverein.

En 1837, il vint à Paris, eut plusieurs audiences du roi Louis-Philippe, travailla à doter la France d’un grand réseau de chemins de fer, mais trouva peu de gens disposés à réaliser ses projets. C’est alors qu’il concourut pour un prix à l’Académie des sciences morales et politiques. « Lorsqu’une nation se propose d’établir la liberté du commerce ou de modifier sa législation sur les douanes, quels sont les faits qu’elle doit prendre en considération pour concilier de la manière la plus équitable les intérêts des producteurs et ceux de la masse des consommateurs ?

» Le mémoire de List, qui portait 

l’épigraphe : Et la ’patrie et Vhumanitë, fut cité dans le rapport, comme un ouvrage remarquable avec ceux de deux autres concurrents. On voit, par une lettre qu’il adressa au libraire Cotta, qu’il avait pensé obtenir le prix ; avec son outrecuidance habituelle, il écrit que son ouvrage a été déclaré le plus remarquable de vingt-septmémoires envoyés. « L’Académie se propose de mettre au concours une question sur l’importance de l’Union douanière allemande. Mais l’Académie est une caverne de voleurs et je n’ai pas envie de fournir des documents à ces messieurs. »

Rentré en Allemagne, il publia une série d’articles sur des sujets économiques, dont il tira le volume intitulé : Système national d’économie politique,, 1841. De 1843 à 1846, il rédigea le Zollvereinsblatt qui était destiné à propager ses idées ; eu 1844 et 1845, il fit un voyage en Autriche -Hongrie, pour y porter ses enseignements.

Sa santé était affaiblie, sa situation de fortune désespérée : en proie au plus grand découragement, il voulut chercher des forces au Tyrol. Il se donna la mort le 30 novembre 1846 à Kuffstein.

List a eu le tort de porter contre ses adversaires des accusations ridicules : Adam Smith aurait été inspiré par le désir de dissimuler la politique égoïste de l’Angleterre et de tendre des pièges aux hommes d’État du continent, pour qu’ils abandonnassent le marché intérieur de leur pays à l’envahissement des marchandises anglaises ; Jean-Baptiste Say aurait été guidé par une haine aveugle de Napoléon I er qui seule lui a dicté sa défense du libre- échange.

L’ouvrage ie plus important de List est le Système national de l’économie politique dont le premier volume seul a été achevé. Le second devait traiter de la politique de l’avenir et le troisième de l’influence des institutions politiques sur la richesse et la puissance d’une nation.

C’est encore aujourd’hui un arsenal où les protectionnistes vont volontiers puiser des arguments contre la liberté commerciale. La crique de ce système est faite à presque toutes les pages de ce dictionnaire, voir notamment : Liberté des Échanges. Le Système national de l’économie politique se divise en quatre livres.