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Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 2.djvu/322

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Après avoir assuré par ce moyen le pair du change dans leurs relations, ces quatre puissances pourraient reprendre la frappe libre de l’argent et, par voie de conséquence, restaurer la valeur de ce métal en offrant un débouché illimité à sa production toujours croissante.

Il est permis de douter que les gouvernements dont on escompte ainsi le concours soient jamais disposés à repondre aux vœux des bimétallistes. En supposant que cette entente fût établie, la plus grande partie du monde resterait encore en dehors de l’Union, et cette circonstance suffirait pour qu’il existât un rapport commercial différent du rapport conventionnel. Il y aura toujours de grands déplacements de métaux précieux pour régler les opérations commerciales, et l’or sera toujours demandé pour les exportations, parce que, sous un moindre volume, il a plus de valeur. En expédiant du métal pour répondre à certains besoins, à des échéances de traites, de lettres de change qui ne peuvent attendre, on ne négligera pas le retour ou le simple déplacement sur une place voisine et le volume du métal jouera encore un grand rôle 1 . L’or sera demandé plus que l’argent pour ces opérations et cette demande spéciale suffirait à lui faire faire une prime sur l’argent.

La France n’a aucun intérêt à entrer dans ces combinaisons. Ses relations de change sont normales, parce qu’elle dispose d’un stock d’or assez considérable pour payer en or l’étranger lorsque les moyens de compensation en papier de commerce ou en titres ne sont pas suffisants. C’est là le point essentiel. Il est fâcheux, sans doute, qu’une partie de son capital monétaire soit dépréciée par suite de la baisse de l’argent ; mais, pour restaurer la valeur de sa monnaie d’argent, il ne faut pas qu’elle s’expose à perdre le stock de métal jaune dont la possession assure au commerce français le bénéfice inappréciable du pair du change. Aug. Arnauné.

Bibliographie.

Michel CsEVAttER, De la baisse probable de l’or. Paris, 1859. — Ici., Cours d’économie politique, t. III, La monnaie. Paris, 1866. — Wolowski, L’or et l’argent. Paris, 1870. — Cl. Juglak, La question monétaire, d’après les faits observés en France, en Angleterre et aux États-Unis (extrait du Journal de la- société de statistique, août 1874). — Stamley Jevohs, La monnaie et le mécanisme de l’échange. Paris, 187fi. — Cernuschi, M. Michel Chevalier et le bimétallisme. Paris, 1876. — Léon Say, Discours ; question monétaire, budget de 1877. Paris, 1877. — Stawley Jetons, Investigations on currency and finance. Londres, 1884. — Congrès monétaire international de 4889. Paris, 1889. — E. de i. V. Congrès monétaire international de 1889. Discours de M. Cl. Juglar. Cf. Discours de M. Fréd. Passy. Laveleye, La monnaie et le bimétallisme international. Paris, 1891. — Enquête sur les principes et les faits généraux qui régissent la circulation monétaire et fiduciaire, 6 vol. Paris, 1867-1869 — Commission monétaire de 1867. Procèsverbaux et rapports. Paris, 1868. — Procès-ver baux et rapport de la commission monétaire (1868), suivis d’annexés relatifs à la question monétaire, Paris, 1869. — Enquête sur la question monétaire (1869-1870) 2 vol. Paris, 1872. — Conférence monétaire internationale de 1881. Procès-verbaux, Paris, 1881. — Procès-verbaux des conférences de l’Union latine, 1865-1885. — Report from the sélect committee on dépréciation ofsilver. Londres, 1876. — Report of the royal commission appointée to inquire into the récent changes in the relative values of the precious metals. Londres, 1887.

— Cf. les ouvrages cités en note aux mots Chakgr et Métaux précieux, et la bibliographîcdounée par Stanley Jevons, dans Investigatio ?y,s, etc. — Systèmes monétaires des principaux pays. Paris, — 1876. Silvestre, Notes pour servir à la recherche et au classement des monnaies et -médailles de l’Annam et de la Cochinchine française, Saigon, 1883. MONOPOLE.

SOMMAIRE

. Définitions.

. Classification des monopoles,

. Leurs effets.

. Évolution du monopole,

Bibliographie.

. Définition.

Qu’entend-on par un monopole ? Quelle est la nature, quels sont les conditions et les caractères du phénomène économique que ce mot sert à désigner ?

Nous formulerons une critique trop facile à justifier en disant que l’on chercherait vainement dans les écrits de la plupart des économistes les définitions qui devraient répondre à ces différentes questions. Chacun traite, en particulier, de tel ou tel monopole qu’il lui plaît d’admettre, sans prendre soin d’indiquer tout d’abord, avec quelque précision, ce qu’est un monopole en général. De là, des théories incertaines et vagues, des classifications arbitraires, des conclusions contradictoires.

On conviendra cependant qu’il y aurait un intérêt de premier ordre à constituer enfin, d’une façon définitive, la théorie du monopole, si Ton songe qu’elle est étroitement rattachée à la théorie de la valeur, à celle du priss, à celle des fonctions [V. ces mots) de l’État. Sans avoir la prétention d’y parvenir, nous demandons la permission de le tenter. Nous proposerons la définition suivante : Le monopole est la possession, par un seul individu ou parun seul groupe d’individus, de la faculté de fournir une espèce déterminée d’objets ou de services.

Un seul producteur ou vendeur, telle est la condition nécessaire, fondamentale, de l’existence d’un monopole. Que le producteur ou vendeur soit un individu ou un groupe plus ou moins nombreux d’individus, peu importe.