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lité, malgré les apparences. C’est en se plaçant à ce point de vue qu’elle juge la question si controversée du luxe. Elle n’a garde de condamner ce luxe utile qui, sans contrarier la morale, ajoute aux agréments de la vie et ouvre de nouvelles carrières à l’industrie. Le condamner, ce serait condamner la civilisation elle-même. Ce luxe se confond souvent avec l’art et aussi avec des progrès dans l’aisance qu’il y aurait un excessif rigorisme à proscrire. Mais l’exagération du faste, de rostentation, des raffinements sensuels, les frivolités coûteuses, les vaines et dispendieuses apparences, ramollissement et la corruption qui sont la suite du luxe devenu passion, voilà ce que la morale et l’économie politique condamnent également. La première en montre l’effet surles âmes, la seconde sur la richesse particulière et publique. Elle veut que les dépenses soient réglées selon la raison et dans leur objet et dans leur quantité, et qu’on observe une certaine proportion entre la satisfaction donnée aux divers besoins selon leur nature. En reconnaissant que les besoins se développent, l’économie politique n’entend pas lâcher la bride à tous les appétits.

Ainsi, soit qu’on envisage les idées fondamentales de l’économie politique, la richesse, le travail, la liberté responsable, soit qu’on en prenne à part chaque partie, on arrive à ce résultat que ses principes et ses conclusions pratiques sont en conformité avec les données de la morale. De cet accord dépend Tordre social, comme la marche progressive vers l’amélioration du sort de l’humanité. Voilà pourquoi il importe de le constater avec insistance et de réfuter les sophismes qui tendent à compromettre cet accord en supposant un antagonisme que dément heureusement l’harmonie générale des lois du monde.

Henri Baudrillart.

Bibliographie.

De notre temps la plupart des économistes ont montré, quoique partant de systèmes de morale différents, au point de vue des principes philosophiques, cet accord des lois morales et économiques. Nous renvoyons à leurs travaux et nous ne citerons que les livres traitant spécialement de ce sujet. Tels sont :

Minc-hetti, Des Rapports de l’Économie politique avec la morale et la législation, traduit en français, 1 vol. in-8, librairie Guillaumin. — H. Baudriixart, Des rapports de VÉconomie politique et de la morale. 1 vol. in-8, 2 e édit. librairie Guillaumin. — G- de Mounari, la. Morale économique, i vol. in-8, librairie Guillaumin. — Antomin Ront-Et-ET, le Spiritualisme en Économie politique. 1 -vol. in-8°. Paris, Didier. — La Morale de la Richesse, Paris, Didier. MORCELLEMENT.

SOMMAIRE

Significations diverses du mot et définitions. I. PREMIÈRE FORME DU MORCELLEMENT : LA DIVISION DE LA PROPRIÉTÉ.

. Inégalités que présente, d’un pays à un autre, la division de la propriété.

. Influences historiques et économiques. . Influence des lois : lois fiscales, lois foncières, lois successorales.

. Exemple d’un pays où la propriété est très peu divisée : l’Angleterre.

. Exemple d’un pays où la propriété est très divisée : la France.

. Effets sociaux de la division de la propriété. II. SECONDE FORME DE MORCELLEMENT ; LE FRACTIONNEMENT PARCELLAIRE

DU SOL.

III. TROISIÈME FORME DU MORCELLEMENT : LA DISSÉMINATION DES PROPRIÉTÉS. . Inconvénients de la discontinuité des domaines ruraux.

. Le mal n’augmente pas.

. Remèdes possibles : action individuelle. 10. Remèdes possibles : remaniements collectifs. Bibliographie.

Significations diverses du mot et définitions. La question du morcellement donne lieu, même parmi les économistes, à des appréciations diverses et les discussions auxquelles elle a si souvent servi de thème prouvent surtout que tous ceux qui parlent du morcellement sont loin de prêter à ce mot trop abstrait la même signification. Les uns disent d’un territoire qu’il est très morcelé quand ils savent que la propriété s’en trouve partagée entre beaucoup de personnes, les parts devenant d’autant plus petites qu’elles sont plus nombreuses. Pour d’autres, le morcellement n’est qu’une question de culture ou d’aménagement et chaque propriétaire, sans aliéner son bien, peut le morceler lui-même en en fractionnant la superficie, soit par la multiplication des clôtures, soit par la variété des modes d’exploitation.

Enfin, une troisième sorte de morcellement consiste non dans le fractionnement, mais dans la dispersion des propriétés. Il ne s’agit plus de savoir combien il y a de propriétaires ou de parcelles, mais de combien de morceaux isolés, séparés les uns des autres, se compose chaque domaine. ^ ^

Ce sont là, on le voit, trois idées bien différentes et elles n’ont jamais été confondues impunément. On étudiera donc ici, successivement et séparément :

° La division de la propriété ; ° Le fractionnement parcellaire ; ° La dissémination des domaines ruraux,