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PLATON

réunit l’Irlande à l’Angleterre (1800) formait la première partie de son plan ; il voulait, en outre, accorder au clergé catholique une rémunération convenable et ouvrir aux catholiques l’accès des emplois publics et du Parlement. Mais sur ces deux derniers points, il se heurta à la résistance invincible du roi ; Georges III ne croyait pas pouvoir adhérer à ces réformes sans violer le serment qu’il avait prêté en montant sur le trône. Devant cette résistance, Pitt résigna les fonctions de premier ministre (février 1801). Il commença par prêter son appui à son successeur Addington, qui était d’ailleurs au nombre de ses amis personnels, mais des dissentiments ne tardèrent pas à les séparer ; Pitt entendait encore diriger les affaires ; Addington voulait gouver à sa guise ; de là, leur rupture. La paix d 1 Amiens n’avait eu qu’une courte durée ; dès le mois de mai 1803, la guerre avait recommencé ; le peu d’activité déployée par Addington dansses armements fît grossir contre lui l’opposition et amena sa chute (mai 1804). Pitt rappelé aux affaires déclara la guerre à l’Espagne à cause des subsides qu’elle avait fournis à la France, conclut, en avril 1805, un traité d’alliance avec la Russie, et, après l’annexion de Gènes à la France, décida l’Autriche à entrer dans la coalition. Mais sa santé très ébranlée par les fatigues et les luttes qu’il devait soutenir dans le Parlement contre une opposition maintenant puissante, ne put résister à l’émotion que lui causa la nouvelle d’Austerlitz et de la paix de Prèsbourg. La goutte, dont il souffrait, se porta à l’estomac et ne lui permit plus de prendre d’aliments. Il mourut dans sa maison de Putney près Londres, le 22 janvier 1805. Charles Dupuis.

Bibliographie-

Premier Pitt. — ■ Macaulay, Essais, deux études sur Lord Ckatham. — Almoh, Anecdotes of the Life of the Earl of Ckatham. London, 1702, ï yoI. in-4o. — Thackeray, History ofthe Earl of Ghatkam. London, 1824, 1827, 2 vol. in-4*.

— Correspondance of William, Pitt, Earl of Ckatham, edited by the executors ofhis son. London, 1838-1 840, 4 vol. in-8o. Deuxième Pitt. — Loms de Viel-Castel, Essai historique

  • uv les deux Pitt. Paris, 1846, 2 vol. in-8», — Lord Stanhope,

William Pitt et son temps (traduit par M. Guizoi), 1862-1863. 4 vol. in-8o. — Georges Toumline, Memoirs of the life of the rigkt honourable William Pitt. • — Dr Buckibghaîi, Memoirs of the court and cabinets of George the Tfrird. — Diaries and carrespondence of James ffarris, first Earl of Malmesbury. London, 1844. — Hoeacb Twisb, The public and private life of lord chancellor Eldon, with sélections of his correspondenee. London, 1844. — G. Pellew, Life and correspondenee of Henry Addington, first viscount Sidmouth. London, 1847. — Magaulay, William Pitt, dans VEncyclopedia britannica. — Article sur les deux Pitt dans la Quarterhj Bevieiu, d’avril 1861. — Calmon, William Pitt, Lévy, 1865.

PLATON. — Né en 426, selon d’autres, en 430 avant Jésus-Christ, à Athènes ; fonda-

PLATON

teur de la secte dite de l’Académie ; le plus grand philosophe de l’antiquité avec Aristote, qui fut son disciple avant de devenir son rival ; un des hommes qui ont le plus agi par leurs idées sur le développement de l’esprit humain, et par suite sur la marche de Thumanité. Les Pères de l’Église, en constituant et en commentant le dogme chrétien, se sont inspirés souvent de ses écrits. J. de Maistre disait de Platon qu’il avait « écrit la préface de l’Évangile ».

Nous n’avons à envisager dans Platon ni le métaphysicien du Parménide et du Timée,. ni le moraliste de Phèdre et du Phédon, mais l’auteur de la République au seul point de vue des idées économiques répandues dans cet ouvrage et du système communiste qui s’y trouve longuement exposé.

Ce qu’on a appelé le communisme (V. Socialisme ) de Platon offre, avec les systèmes de communauté qui se sont produits depuis, desanalogies frappantes et des différences profondes sur lesquelles il est plus utile peut-être d’appeler l’attention. Les utopies modernes qui revendiquent la paternité de Platon sont presque toutes des exagérations du principe démocratique. Rîen de tel chez Platon, adversaire énergique de la démocratie athénienne et n’ayant nul soupçon de ce qu’on a nommé depuis la démocratie*chrétienne,évangélique, etc. Les artisans, les laboureurs, le peuple, demeurent chez Platon une race inférieure, non soumise au régime de la communauté, et gouvernée despotîquement parune aristocratie de magistrats et de guerriers très vigoureusement constituée. La famille et la propriété restent donc à l’usagedu grand nombre dans la République, en raison de s ver tus difficiles qu’exige la pratique de la communauté. Voilà une différence radicale entre la doctrine de Platon et les utopies communistes modernes, filles illégitimes de l’Évangile et de laphiloosphie antique. Pour bien comprendre la République de-Platon, il faut tenir compte de trois choses sur lesquelles nous ne pouvons que glisser ici : sa philosophie, l’influence de l’Orient, celle du monde grec.

i° Sa philosophie, —La République est moinsune œuvre sociale qu’une œuvre morale dont la partie non politique est d’une grande pureté et d’une élévation fort au-dessus du temps où elle a été écrite. Platon conçoit abstraitement le type du bien, du juste. Son tort philosophique, dans l’admirable analyse qu’il en fait, est d’omettre un élément essentiel en soi et surtout chez nous autres modernes, la liberté. Appliquez à la société -un certain idéal de justice absolue, sans tenir compte de la diversité des efforts et des