Page:Say - Cours complet d'économie politique pratique.djvu/73

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compris ou de ne l’être pas du tout. C’est en partie pour que l’on ait un moyen de se retracer, au moment qu’on le désire, la véritable signification des termes de l’économie politique, que j’ai joint à mon Traité un Épitome où ils sont sommairement expliqués par ordre alphabétique, épitome que l’on peut consulter avec fruit en étudiant le nouveau développement que je donne aujourd’hui à cette science.

Il répond en même temps au reproche que m’ont fait quelques économistes très-distingués d’Angleterre, d’avoir donné des définitions incomplètes ; car il ne me semble pas qu’aucun trait caractéristique soit omis dans cet épitome. Au surplus, je dois pour l’avenir, non moins que pour le passé, déclarer ici ce que je pense des définitions en général. Les définitions sont d’une fort grande importance dans la vieille philosophie, dans celle qui fonde ses argumens plutôt sur les mots que sur les choses. Dans la manière d’argumenter qu’elle affecte, il faut que la suite des raisonnemens se trouve tout entière dans les prémisses ; faute de quoi, elle vous accuse de faire une définition différente, selon ce que vous voulez prouver. Mais ce n’est point donner une définition différente, que de faire remarquer un nouveau caractère, à mesure qu’il se présente, et que le lecteur est parvenu au point de pouvoir le distinguer et le comprendre. Ne suffit-il pas que le caractère assigné d’abord, ne se trouve pas démenti par les traits qu’on y ajoute plus tard ? Un naturaliste qui définit une abeille, l’insecte qui recueille sur les fleurs la matière de la cire et du miel, en donne sans doute une idée incomplète ; mais qui n’exclut pas les développemens qui achèveront l’histoire naturelle de cet insecte et compléteront l’idée que l’on doit s’en former. On comprendra mieux la nature et le jeu de ses organes à mesure qu’on les verra manœuvrer ; tandis qu’une définition sèche et scientifique de ces mêmes organes, quoique rigoureusement exacte, n’aurait donné qu’une idée confuse d’une abeille.

Par une raison du même genre, si j’ai à parler de la valeur des choses, et si je fais entrer dans la définition rigoureusement exacte de cette qualité, tous les caractères qui lui sont propres, le lecteur, malgré la longueur de cette définition, et faute de documens et d’applications qui ne lui ont pas encore été offerts, n’aura qu’une idée obscure des propriétés de la valeur ; tandis qu’au contraire, si je ne dis en commençant, sur la valeur, que ce qui est indispensable pour comprendre les faits fondamentaux, et si je fais remarquer ses traits caractéristiques à mesure que le lecteur est plus en état de les apprécier, il finira par concevoir complètement ce qui constitue une qualité composée de beaucoup d’autres. Je ne serais répré-